De la steppe à mammouths et autres herbivores préhistoriques, aux pâturages des vaches et moutons d’aujourd’hui, les prairies se modèlent au fil des millénaires et des pratiques.
On parle ici des prairies permanentes, c’est-à-dire les prairies qui ne seront pas retournées (labourées) pour être remplacées par une autre culture, mais de celles qui ont vocation à fournir du foin (prairie de fauche) ou à servir de pâture aux animaux d’élevage. Ces prairies-là sont des milieux abritant un écosystème spécifique qui s’est développé de façon spontanée au fil des ans. On considère qu’une prairie semée il y a plus de 10 ans est l’équivalent d’une prairie semi-naturelle, ou dite à flore diversifiée, avec son lot d’espèces végétales et animales propres, créant les premiers maillons d’une chaîne alimentaire vers de plus grands invertébrés et mammifères. La prairie la plus riche au monde est en Argentine avec 89 espèces végétales au m² (Wilson, 2012), mais les principales prairies anciennes détenant des records d'espèces par surface se trouvent en Europe de l'est - République Tchèque, Roumanie, Slovaquie- (Chytry et al., 2015). Ainsi, les prairies remportent la palme des records de diversité sur les échelles de moins de 100m² (au-delà, les forêts tropicales se placent en tête).
Attention, une prairie n’est pas une pelouse : les végétaux qui se développent dans l’un ne sont pas forcément adaptés à l’autre. Les prairies offrent en général un milieu plus riche pour les végétaux que les pelouses, un sol plus épais, et les espèces qui s’y développent sont généralement plus hautes en taille (20 à 40 cm contre 10 à 15 cm dans les pelouses).
Comme pour les messicoles des milieux cultivés, la richesse des prairies dépend d’une gestion extensive, respectueuse de l’écosystème. L’élevage par pâture et la fauche, sont les outils phares pour préserver ces milieux et éviter leur embroussaillement. Une gestion extensive signifie une pression de pâturage adaptée au sol, une diversité des herbivores sur la parcelle (mêler vaches, moutons, ânes par exemple) une fertilisation selon les besoins observés (une prairie gérée par pâture s’autofertilise avec les déjections des animaux) et un mélange d’espèces prairiales très riche. La fauche et l’intervention mécanique sur les parcelles doivent également être adaptées au stade d’avancement des végétaux et aux conditions du sol ; un sol trop ressuyé (gorgé d’eau) ne permet pas d’entrer sur les parcelles au risque de dégrader sa structure. Une fauche tardive permet de ne pas déranger les animaux associés à ce milieu au moment des couvées et nichées. Un pâturage dynamique permet de laisser un temps de repos à la prairie avant d’entrer de nouveau les élevages dans la parcelle et éviter la sur-pâture. La prairie se raisonne aussi à l’échelle du paysage : des études ont montré un impact plus important de ce dernier sur les pollinisateurs sauvages que la seule diversité végétale en place sur la parcelle considérée (Le Provost et al., 2021).
Ces pratiques ont diminué au fil des ans, liées à la nécessité de productivité intense attendue par les éleveurs dans les années 70. Les systèmes extensifs ont disparu au profit de systèmes intensifs d’élevage, le plus souvent dans des bâtiments, pour éviter les temps de trajets entre les traites et le travail de rameutage du troupeau. Des agricultures labellisées, comme l’Agriculture Biologique ou les Labels Rouges assurent une pâture des animaux d’élevage pendant un temps minimum en une année.
L’agriculture n’est pas une activité délocalisée de son environnement. Elle interagit avec, et en est dépendante.
Une prairie est un sol riche non perturbé par un labour qui assure un sol vivant composé de millions d’individus (invertébrés, champignons, bactéries…) indispensables à la fertilité. C’est également un mélange d’espèces végétales, telles que des légumineuses (trèfle, sainfoin, luzerne…), des graminées (fétuques, dactyle, ray-grass…), d’autres plantes compagnes (pissenlit, véronique…), et d’espèces animales qui se nourrissent de ces plantes et y trouvent un couvert pour leur reproduction (pollinisateurs, champignons, sauterelles, carabes…). Mais c’est aussi les oiseaux (Tarier des prés, Pie-grièche écorcheur…), campagnols, qui vont se nourrir eux-mêmes des graines et des insectes, des couleuvres, lapin de garenne et bien sûr, vaches, moutons, chèvres, ânes...qui par leur présence assurent le maintien de la prairie à une strate herbacée et par leurs fumiers, fertilisent le milieu.
Les prairies ont donc un rôle essentiel de soutien à de nombreuses espèces animales et végétales mais aussi à l’espèce humaine dans l’atténuation du changement climatique. En effet, dans leur état optimal, les prairies offrent autant de potentiel de stockage de carbone que les forêts, soit environ 80t eqC (source ADEME, 2015), elles assurent une purification de l’eau, mais aussi une fertilité et une production agricole stable en fourrages.
Cette opération, portée par le Conservatoire d’espaces naturels de Centre-Val de Loire est aujourd’hui une démarche de Bassin (interrégionale) qui vise à étendre le pâturage comme mode d’entretien des bords de Loire conformément aux objectifs fixés par le plan Loire grandeur nature et par Natura 2000. Conciliant élevage et préoccupations environnementales, ce projet œuvre pour le maintien des habitats naturels ouverts (pelouses, prairies) afin de préserver la biodiversité qui leur est liée, mais aussi des zones d’écoulement pour la Loire.
Pour en savoir plus sur Pasto'Loire
Après la contractualisation de Mesures Agro-Environnementales (MAEC) sur les prairies humides du Boischaut Sud, l’Adar-Civam et Indre Nature ont impulsé en 2015, la création d’un groupe Prairies Naturelles. Partagé par les agriculteur·trice·s du territoire, les objectifs sont les suivants :
Des formations et temps d'échanges sont ainsi organisés sur ces thématiques, par l'Adar-Civam et deux naturalistes : Indre Nature et Blandine Grillon. Parallèlement, des essais sur les méthodes de conduite permettant d'améliorer la biodiversité de ces prairies sont menés sur les fermes chaque année.
Pour en savoir plus, visiter le site de l’Adar-Civam.
Prairie à Narcisse des poètes - Rémi Dupré - MNHN - CBNBP
Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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Biodiversité et climat, même combat ! Leurs crises sont liées, s'accentuent mutuellement et ont la même origine : les activités humaines. Les solutions se rejoignent également. Pour réduire les effets des changements climatiques, il faut s'appuyer...
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Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
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Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien est un service scientifique du Muséum National d'Histoire Naturelle.
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La pauvreté du sol de ces milieux, font le bonheur de certaines espèces…
Acteur
Le Parc est un syndicat mixte (51 communes + département + région CVL) qui gère le territoire classé en Parc naturel régional depuis 1989 et qui a pour mission de préserver la nature et de favoriser le développement harmonieux de son territoire.
Actualité
Vous voulez parler des papillons à vos habitant·e·s ? Au public qui visite vos sites naturels ? De nouveaux outils de sensibilisation et communication viennent d'être édités, pour mieux connaître et faire connaître les papillons de jour.
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Du blé de la Beauce à la cerise du Loiret en passant par les vignes de Touraine, les milieux cultivés structurent notre région et abritent une grande biodiversité !
Acteur
Agir pour la nature dans les territoires
Retour d'expérience
Le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine (PNR LAT) propose un accompagnement technique pour la conversion de boisements (anciennes peupleraies) en prairies humides. La pérennité de l’entretien du site est assurée via une gestion agricole adaptée...
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Biodiversité et agriculture sont interdépendantes depuis des milliers d’années. Alors que l’agriculture peut jouer un rôle positif pour la biodiversité, les modes de production agricole des cinquante dernières années ont dégradé l’état de la...