Biodiversité et climat, même combat ! Leurs crises sont liées, s'accentuent mutuellement et ont la même origine : les activités humaines. Les solutions se rejoignent également. Pour réduire les effets des changements climatiques, il faut s'appuyer sur une nature en bonne santé ; pour stopper l'effondrement de la biodiversité, il faut réguler les activités humaines elles-mêmes responsables des évolutions du climat. Un dossier thématique pour découvrir, comprendre et agir sur ces défis conjoints.
Les changements climatiques que nous vivons actuellement provoquent de nombreux impacts sur notre quotidien (sécheresse, canicule, feux de forêt…) et sur la biodiversité (effondrement des populations d’espèces, destruction de milieux, épuisement des ressources…). Les crises du climat et de la biodiversité sont étroitement liées et s’accentuent mutuellement. Elles ont une même cause : l’activité économique humaine qui détruit des écosystèmes et réchauffe l’atmosphère. Le changement climatique entraîne une perte de la biodiversité et cette perte affecte le climat. Elles doivent être gérées ensemble pour assurer un futur soutenable.
Comprendre les mécanismes à l’œuvre pour mieux s’adapter
Ce dossier thématique :
Les numéros entre parenthèses font référence à la bibliographie disponible dans les ressources à consulter.
La biodiversité et le climat suivent des évolutions intimement liées, et vivent deux crises majeures qui le sont tout autant.
Afin de mesurer la brutalité de ces deux crises, il faut comprendre les mécanismes à l’œuvre dans le fonctionnement de notre planète. Le Soleil, la Terre, l’air, le vivant et l’eau interagissent depuis 4 milliards d'années, dans un équilibre sans cesse renouvelé. Depuis l'ère industrielle, par ses activités, l’espèce humaine bouleverse cet équilibre. Les conséquences, multiples, sont très impactantes et nous concernent toutes et tous.
Il est encore temps d’agir ! Les spécialistes du climat et de la biodiversité que sont le GIEC et l'IPBES ont encore montré en 2021 l'importance de protéger la biodiversité dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique. Les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, pas toujours vertueuses pour le vivant, doivent être (re)pensées avec une base fondamentale de conservation de la nature et de sobriété énergétique. Les actions de préservation ou de restauration d’écosystèmes fonctionnels ayant toujours des effets positifs sur le climat, ces deux instances prônent une gestion intégrée de ces deux enjeux. Une opportunité vitale à saisir !
Comment fonctionne le climat terrestre ? Quel lien entre le climat et le vivant ? Quelles ont-été leurs évolutions au fil des millénaires ? Comment l'activité humaine est venu tout dérégler depuis près de 200 ans ? Quel rôle y tient le dioxyde de carbone ? Quelles sont les conséquences avérées de ces bouleversements sur notre quotidien, sur la biodiversité, aux échelles de la planète, de la France et du Centre-Val de Loire ? Comment agir pour y atténuer leurs effets et s'adapter ?
La vie sur Terre est possible sous l’effet de cinq composantes principales (1) qui, si elles changent, mettent en péril la biodiversité telle que nous la connaissons :
Sous l’effet du Soleil, ces composantes permettent la stabilisation d’une température idéale moyenne à la surface de notre globe pour le développement de la vie.
La météo considère les conditions atmosphériques locales sur des échelles de temps courtes (quelques jours) : température, vent, pluie… Le climat, lui, décrit les conditions atmosphériques planétaires sur une échelle de 30 ans et permet d’obtenir des tendances de fond et des pronostics futurs.
La Terre reçoit du Soleil un flux solaire incident, c’est-à-dire de l’énergie sous forme de rayonnement principalement visible : la lumière. Elle se mesure en puissance reçue par unité de surface, elle vaut 342 W/m² (watt par mètre carré) en moyenne. Cette mesure dépend notamment de l’éloignement de la Terre et de l’activité du Soleil.
La Terre stocke cette énergie sous forme de chaleur et en réémet sous forme d’un rayonnement invisible, émis sous forme d’infrarouges. La Terre est à l’équilibre thermique – c’est-à-dire qu’elle ne chauffe ou ne se refroidit pas – lorsque la puissance qu’elle émet est égale à la puissance qu’elle reçoit. Une différence entre ces grandeurs se traduit par un réchauffement, dans le cas où l’énergie rayonnée par la Terre est inférieure à l’énergie reçue du Soleil (c’est ce qui se passe actuellement).
Du fait de la position inclinée de la Terre face au Soleil, la quantité d’énergie solaire reçue au niveau des tropiques est plus importante qu’au niveau des pôles (voir figure ci-contre). La différence de température entre ces deux zones permet des échanges d’énergie et crée des mouvements par l’intermédiaire de l’air et de l’eau (mouvements de convection) (2), c’est-à-dire les courants aériens et marins. Ces courants ont un impact majeur sur le fonctionnement du climat.
L’énergie solaire que reçoit la Terre induit plusieurs types de répartition et de stockage d’énergie :
Cependant, ces mécanismes à eux seuls ne permettent pas d’expliquer le développement de l’ensemble du vivant sur Terre. Le phénomène essentiel à la vie sur Terre est l’effet de serre (3).
Le Gulf Stream est un courant qui débute dans les mers chaudes du Golfe du Mexique et remonte vers le nord. Du fait de la rotation de la Terre, ce courant vient aussi réchauffer à l’est les mers d’Irlande, du Nord et de Norvège. C’est cela qui en Europe, donne notre climat tempéré d’influence océanique. Une fois arrivées au nord, les eaux ont perdu de la chaleur et finissent par geler en évacuant le sel dans les eaux à proximité. L’eau froide plus chargée en sel, plonge alors sous l’eau moins dense. Cette circulation d’eau qui rejoint ensuite le sud, porte le nom de circulation thermohaline ou circulation océanique profonde (cf. figure ci-dessous). Ce mouvement se répartit à la surface du globe et influe sur les températures, vents et précipitations locaux. L’océan est donc une composante phare de notre système climatique.
Schématisation de la circulation de l'eau des tropiques aux pôles ©ARB, L.R-P
MétéoFrance a rédigé un article explicitant le rôle fondamental de l’océan dans le système climatique. Les enjeux liés à la hausse des températures des eaux sont fondamentaux.
La réflexion du flux d’énergie solaire est rendue possible (entre autres) par le phénomène d’albedo. L’albedo est le pouvoir réfléchissant d’une surface. Exprimé sur une échelle de 0 à 1, l’albedo est plus fort quand la surface est blanche ou réfléchissante et faible quand elle est foncée. Ainsi les lacs ont un albedo de 0,02 à 0,04, les océans de 0,05 à 0,15, la neige fraiche de 0,75 à 0,9 et un miroir, un albedo de 1. Un albedo fort permet de réfléchir le rayonnement solaire, donc de ne pas absorber l’énergie qu’il véhicule et ainsi d’avoir un impact refroidissant (rôle de la banquise). À l’inverse, un albedo faible induit plus d’énergie stockée par la Terre ce qui a un impact réchauffant (rôle des océans).
L’énergie du Soleil reçue par la Terre est absorbée par le sol. Celui-ci se réchauffe et réémet de l’énergie en infrarouge. L’atmosphère, composée des gaz à effet de serre à hauteur de 0,1 %, absorbe les infrarouges à son tour et en réponse, en diffuse vers l’espace et vers le sol. Ce dernier chauffe et finit par réémettre la même quantité d’énergie, et ainsi de suite. Le mécanisme est illustré sur la figure ci-dessous.
La Terre émet ainsi autant d’énergie qu’elle en reçoit : c’est l’équilibre.
Température moyenne à la surface de la Terre
*chaleur sensible = chaleur émise ou absorbée par un milieu dont la température croit ou décroit en conséquence (source MétéoFrance)
Les gaz à effet de serre (GES), présents en très faible quantité dans l’atmosphère (<1 %) sont principalement la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le protoxyde d’azote (NO2), les chlorofluorocarbures (CFC), l’ozone (O3) et le méthane (CH4) (4). Seuls ces gaz ont la capacité d’absorber les infrarouges émis par le sol et de rayonner (d’émettre) à leur tour dans l’infrarouge. Cela fournit au sol de l’énergie supplémentaire à celle fournie par le Soleil.
La vapeur d’eau (H2O) est le principal gaz à effet de serre présent naturellement. Sa quantité est déterminée par la température de l’air et non par les émissions liées aux activités humaines (impact négligeable de ces dernières). Son pouvoir de réchauffement (voir plus bas) est d’environ 2 à 3 fois plus élevé que celui du CO2. La vapeur d’eau a une durée de vie d’environ 10 jours dans l’atmosphère avant de se condenser en eau ou glace et de précipiter (pluie, neige). Avec l’élévation de la température, une augmentation de la vapeur d’eau dans l’atmosphère est observée (toute élévation d’1°C augmente de +7% la quantité de vapeur d’eau). Ce phénomène est appelé « rétroaction de la vapeur d’eau ». Cependant, dans un contexte d’augmentation des températures liée à une augmentation du CO2 (cas actuel), la variation de la vapeur d’eau stratosphérique ne contribue qu’à hauteur de 5% sur l’augmentation des températures globales à la surface du sol. Son impact est donc négligeable (5).
La biosphère est l'espace dans lequel évolue le vivant, que ce soit dans l’air, les océans et sur terre. La biodiversité est le vivant et englobe la diversité des espèces (qu’elles soient animales, végétales ou bactériennes), la diversité des écosystèmes et la diversité au sein d’une même espèce, les gènes.
Les conditions sont réunies : une atmosphère dans laquelle interagissent des gaz essentiels (hydrogène, oxygène, carbone, azote), de l’eau liquide, solide ou gazeuse, une température suffisante… Le climat terrestre est ainsi favorable au développement de la vie ! Celle-ci est apparue sur Terre d’abord sous la forme de bactéries aquatiques, il y a environ 3,8 milliards d’années. Les premiers végétaux (lichens et mousses) apparaissent il y a environ 500 millions d’années. 100 millions d’années plus tard, arrivent les premiers animaux sur la terre ferme.
Cette biodiversité a contribué à dessiner la Terre telle que nous la connaissons aujourd’hui et joue un rôle de régulation du climat, à des échelles locales.
millions d’années, apparition des premiers animaux terrestres
Les végétaux, par le mécanisme de photosynthèse, aident à produire de l’oxygène et à stocker du carbone : les tourbières par exemple, stockent à elles-seules environ 1/3 du carbone contenu dans les sols. Les plantes contribuent par un mécanisme de transpiration, appelé évapotranspiration, au cycle de l’eau et à la formation de précipitations.
Les animaux interagissent avec les végétaux et permettent leur reproduction : pollinisation, dissémination des graines via leur déplacement, croissance des graines (via les déjections qui fournissent l’engrais)… Le vent (créé par les différences de températures entre les pôles) qui aide également à la reproduction de certains végétaux (comme le transport de graines de pissenlit). Ainsi tout est lié sur Terre : chaque élément, chaque être, a sa place et il y a une place pour chacun !
Ce sont les variations du climat qui ont permis le développement des écosystèmes : déserts, forêts tropicales, glaciers… et des espèces associées. Mais cette biodiversité agit à son tour sur le climat local voire planétaire via les processus de respiration, de stockage et d’évapotranspiration cités. Ainsi la forêt amazonienne contribue directement à la formation de nuages et de pluies qui alimentent la circulation atmosphérique terrestre. Les eaux drainées par la forêt amazonienne représentent 15 à 20% des eaux qui alimentent les océans, une quantité suffisamment importante pour agir aussi directement sur la circulation thermohaline (6). De façon globale les forêts tropicales humides (Amazonie, Congo, Indonésie) jouent un grand rôle de régulation du climat planétaire.
Le changement de l’orbite de la Terre autour du Soleil est à l’origine de variations climatiques comme les saisons et les ères glaciaires et interglaciaires du Quaternaire (ère géologique en cours ayant débuté il y a près de 2,58 millions d’années). Est appelée théorie de Milankovitch (du nom du scientifique l’ayant formulée), la théorie astronomique des changements climatiques pendant le Quaternaire (7).
Durant le Quaternaire, sont observées des périodes de variations des températures tous les 100 000 ans. Le volume des glaces polaires et des eaux des océans est modifié en conséquence.
Avant le Quaternaire, et plus on remonte dans le temps, il est compliqué d’affirmer avec certitude les raisons des changements climatiques. Quelques hypothèses sont cependant étudiées comme la position des continents qui pourrait par exemple expliquer le climat plus chaud de 5°C du Crétacé (ère géologique de -145,5 à -65,5 millions d’année) (8).
Lors des éruptions volcaniques, une grande quantité de dioxyde de soufre est émise, pouvant causer une modification du climat sur plusieurs mois à l’échelle locale ou, en cas d’éruptions volcaniques majeures, sur quelques années à l’échelle planétaire (9). Les conséquences peuvent alors être une chute des températures du fait de la formation de nuages remplis de gouttelettes d’acide sulfurique. Ces nuages empêchent la lumière du Soleil d’atteindre la Terre et contribuent ainsi à son refroidissement (comme l’éruption du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991 causant un refroidissement moyen de l’atmosphère de -0,4 °C). Les éruptions peuvent aussi contribuer à une hausse des températures du fait du CO2 rejeté. Une activité volcanique intense fait partie des hypothèses étudiées pour expliquer les températures élevées du Crétacé supérieur (entre -95 et -65 millions d’années).
L’effet de l’activité solaire a un impact à l’échelle locale et peu à l’échelle globale. Des cycles solaires de temps courts ont été découverts par l’observation astronomique via le comptage d’apparition des taches solaires (=signes d’une activité solaire). Sur plus de 4 siècles, la compilation des données a montré qu’au sein de l’hémisphère nord, sur ces cycles de 11 ans, le maximum de perception des températures était de 0,1°C. Il apparait que les variations du flux solaire incident dû à ces cycles sont trop faibles et trop rapides, pour provoquer des variations de température importantes à la surface de la Terre.
Cependant, les phénomènes de convection et de formation des nuages sont affectés par ces cycles solaires de temps court. Cela a pu provoquer des variations de température plus importantes à l’échelle locale (10).
À ne pas confondre avec les ères glaciaires, des successions de périodes froides sont mesurables depuis 1 000 ans grâce à l’étude des cernes des arbres et des calottes glaciaires. C’est ainsi qu’une période appelée par les historiens (en Europe) de Petit âge glaciaire ou petit âge de glace, peut être reconstituée du 15è siècle à la moitié du 19è siècle (les dates de début varient selon les études mais un épisode de refroidissement significatif est validé pour cet intervalle). Ce fut un phénomène détectable à l’échelle de l’hémisphère nord (10), avec une amplitude faible d’environ 0,2°C (zone bleutée sur le graphique). Au cours des 9è et 11è siècles ou au 13è siècle, des périodes plus chaudes sont constatées (zones violettes sur le graphique). Ces périodes sont confirmées par des témoignages du passé comme la découverte du Groenland par les Vikings au 10è siècle (Groenland signifie Terre verte en danois) ou les cultures de vignes au nord d’Amiens au 13è siècle. Il est possible que la baisse d’activité du Soleil entre 1250 et 1800 ait contribué à ce refroidissement, tout comme l’éruption du volcan Samala en 1257 (11).
Évolution relative des températures moyennes de l’hémisphère nord depuis l’an 850, en écart aux années 1500 à 1850 | Depuis MeteoFrance, de Masson-Delmotte et al. 2013 in IPCC 2013, 5è rapport du GIEC, résumé technique
Les variations du climat ont permis la création des écosystèmes que nous connaissons aujourd’hui mais ont également causé la disparition de familles d’espèces et d’écosystèmes lors de deux épisodes majeurs il y a -450 et -358 millions d’années. Trois autres épisodes majeurs sont dus à l’activité volcanique et donc à l’activité tectonique (=dynamique globale des plaques terrestres).
Toutes ces crises sont définies comme des extinctions massives (désigne une période géologique relativement courte où la Terre perd ¾ des espèces). Cinq épisodes d’extinction sont reconnus, qui s’étalent sur 1 à 2 millions d’années (exceptée la crise du Trias qui a duré 17 millions d’années) (12) :
Ces crises sont causées par des ensembles de facteurs qui mènent à une extinction sur plusieurs milliers voire millions d’années.
Actuellement, les espèces connaissent aussi une forte disparition ce qui conduit certains scientifiques à la décrire comme une sixième extinction. Le rythme du déclin actuel est très alarmant : la disparition constatée des espèces animales et végétales est des dizaines à des centaines de fois supérieure au taux naturel d’extinction, sur la moyenne des 10 derniers millions d'années écoulés, d’après la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) (13). Aussi contrairement aux précédentes crises, une seule cause est actuellement avérée : l’espèce humaine, via ses activités.
De nos jours, le dérèglement climatique que nous connaissons n’est pas dû aux variations naturelles citées précédemment. Il est imputable aux activités humaines par le développement de l’industrie et de l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz).
La combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) par l’industrie, les transports, l’utilisation des bâtiments (chauffage), l’agriculture et la déforestation, émet du CO2.
Depuis 1958, le CO2 de l’atmosphère est mesuré instrumentalement. La concentration atmosphérique en CO2 des années précédentes est reconstituée via l’air contenu dans la glace ou dans des objets historiques (par exemple l’air piégé dans les boutons en argent des tenues militaires sous Louis XV !). Il est ainsi possible d’établir une courbe relativement fine depuis les années 1750 (pour les temps antérieurs, des modélisations permettent d’estimer la concentration du CO2 dans l’atmosphère). Ce sont ces mesures qui permettent d’affirmer le lien entre la hausse du CO2 atmosphérique et les émissions de CO2 dues aux activités humaines.
Le facteur clé des changements climatiques est donc l'émission d'un surplus de gaz à effet de serre d'origine anthropique, c'est-à-dire directement dû aux activités humaines. Ce surplus s'amplifie depuis 1850, induisant une augmentation de la concentration en CO2 dans l'atmosphère de 280 ppmv (partie par million en volume) en 1850, à 400 ppmv en 2015, soit plus de 40% d'augmentation en 165 ans (11).
d’augmentation du CO₂ en 165 ans dans l’atmosphère
concentration moyenne de CO₂ à ne pas dépasser d’ici 2100 pour limiter le réchauffement à +2°C
source DATALAB MTE, 2021 (14)
Évolution de la concentration en CO2 atmosphérique en partie par million (courbe bleue) et évolution des émissions de CO2 en gigatonnes (courbe grise)
Origine des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie en 2018
La production d’électricité est le premier secteur d’émission de CO2 dans le monde. Pour la France, la majeure partie de notre production d’énergie étant nucléaire, l’émission de CO2 via ce poste est moindre.
La capacité à absorber les infrarouges émis par la Terre (en réponse au flux solaire incident), et donc à en réémettre (car tout corps chauffé émet de la chaleur en retour), est exprimée par le potentiel de réchauffement global (PRG) du gaz. Le PRG dépend non seulement de cette capacité mais aussi de la durée de vie du gaz dans l'atmosphère.
Le PRG se mesure en fonction du CO2 et s’exprime en tonnes d’équivalent CO2. C'est comme cela que le méthane est qualifié d'un potentiel de réchauffement global égal à 28 fois celui du CO2. Pour l'ensemble des gaz à effet de serre, le PRG est le suivant (14) :
Les aérosols sont d’origine naturelle (embruns marins, poussières, formation chimique) ou anthropique (sulfates, suies, nitrates, fumées). Ce sont de fines particules en suspension dans l’atmosphère ayant une durée de vie courte (1 à 2 semaines dans la troposphère (<10 km d’altitude), 1 à 2 ans dans la stratosphère (<50 km d’altitude)). Elles peuvent avoir un effet refroidissant sur le climat en diffusant le rayonnement solaire dans toutes les directions (par ciel clair) ou réchauffant en absorbant le rayonnement solaire (par ciel nuageux) (15) (16) .
Pour en savoir plus sur les aérosols, découvrez cet article, publié sur le site Climat en questions ou la foire aux questions du 5è rapport du GIEC, p. 147.
Les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) signalent que depuis 1750 et l’avènement de l’ère industrielle, le système se dérègle par la présence croissante de CO2 et autres GES dans l’atmosphère, qui diminuent la quantité d’infrarouges évacués dans l’espace.
Un peu plus de la moitié du CO2 émis chaque année est absorbée par les puits de carbone terrestres (réservoirs naturels qui absorbent et séquestrent du carbone tels que les océans et la végétation), le reste part dans l’atmosphère (env. 40%). C’est l’accumulation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère qui provoque un effet de serre « additionnel » appelé forçage radiatif positif.
Le forçage radiatif correspond ainsi à la différence entre le flux entrant et le flux sortant d’un système, comme le système climatique terrestre. Dans notre système terrestre, le flux entrant est le flux solaire incident, le flux sortant est l’émission d’infrarouges et la réflexion liée à l’albedo.
Un forçage radiatif positif signifie donc un système en surchauffe (à l’inverse, un forçage radiatif négatif exprime un système qui se refroidit). Depuis 1750, le forçage radiatif est en augmentation. Il était évalué à 0,6 W/m² en moyenne en 1950 (par rapport à 1750), 1,25 W/m² en 1980, 2,3 W/m² en 2011 et est estimé à 2,72 W/m² en 2019 (16; 17). La figure ci-dessous illustre ce phénomène.
du CO₂ émis par les activités humaines est absorbé par les océans, causant l’acidification de ses eaux
(source : D.K. Woolf et al., 2019)
Pour le moment, le déséquilibre énergétique observé (flux entrant – flux sortant) est tamponné en grande partie par les océans (93 %) qui se réchauffent lentement, provoquant la montée des eaux. L’excédent d’énergie stocké par les glaces provoque le recul des glaciers et la fonte de la calotte polaire, l’excédent stocké par l’atmosphère provoque le réchauffement constaté de +1°C. Il est estimé que les premiers 100 mètres océaniques se réchaufferont entre 0,6°C et 2°C et entre 0,3°C et 0,6°C à environ 1 km. Aussi d’ici 100 ans, 50% de l’énergie absorbée par les océans se situerait dans les 700 premiers mètres. Le réchauffement des océans va se poursuivre pendant des siècles même si les émissions de GES diminuent. L’élévation du niveau de la mer qui est une conséquence du réchauffement des océans, sera donc lui aussi continu pendant des siècles (16).
de l’excédent d’énergie produit par l’effet de serre additionnel est stocké par les océans
Ainsi que 3 % par les continents, 3 % par les glaces et 1 % par l’atmosphère
De 1860 à 1910 environ, la température sur Terre était à peu près constante. Une augmentation de +0,4°C environ est ensuite enregistrée de 1910 à 1940 pour une stabilisation jusqu’en 1980. Depuis 1980, on observe une croissance nette.
à la surface du globe depuis 150 ans
d'acidité dans les océans
Les réservoirs de carbone les plus importants sont dans les eaux profondes des océans et dans les sédiments.
À l’interface eau/air se produisent des échanges gazeux et notamment de CO2. La solubilité du CO2 dans les eaux chaudes est plus faible que dans les eaux froides, c’est-à-dire que le CO2 de l’air se diffuse plus facilement dans les eaux froides. Les océans froids sont alors des puits à CO2, tandis que les océans chauds sont « sursaturés en CO2 par rapport à l’air » et en émettent (2). On estime à environ 3 Gigatonnes de carbone, le stockage du CO2 par les océans (18). Soit ce CO2 reste en surface pour des échanges avec l’atmosphère, soit il est transformé en acide carbonique puis en bicarbonate. Le bicarbonate plonge en profondeur avec les eaux froides des pôles et sédimente étant ainsi piégé.
Cependant, la sédimentation est très faible, de l’ordre de 0,5 Gt de carbone par an (contre 100 Gt de carbone échangés en surface), très longue (à l’échelle du millénaire) et n’est possible qu’en faibles profondeurs par l’activité de photosynthèse (générée par le phytoplancton) et par les phénomènes de calcification (générés par des organismes vivants tels que les coraux, les coccolithophores, les mollusques…) (2).
La concentration en CO2 dans les eaux augmente et induit une baisse du pH (transformation du CO2 en acide carbonique puis bicarbonates) de 0,1 unité : le pH diminue de 8,2 à 8,1 générant +30 % d’acidité ! L’acidification des océans produit une réaction en chaîne : fragilisation des coquilles des organismes, dissolution des coraux, mort du phytoplancton (base de la chaîne alimentaire)… (19).
En parallèle, du fait de l’effet de serre additionnel et de la capacité thermique des océans à stocker l’énergie, les eaux se réchauffent, ce qui entraîne un blanchiment des coraux et la mort des récifs coralliens (véritable colonne vertébrale de l’écosystème marin), une baisse en oxygène, une augmentation des algues vertes… (20).
L’océan étant une pièce maitresse de notre climat terrestre, les changements climatiques sont actuellement atténués par son action de régulation. Dès lors que l’océan ne pourra plus stocker de CO2 car les eaux seront trop chaudes, les conséquences engendrées seront globales.
Créé en 1988, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts.
Les rapports du GIEC, publiés tous les 5 ans, fournissent la connaissance scientifique nécessaire à la prise de décisions des politiques, pour définir des stratégies d’atténuation (visant à réduire les émissions des GES) et d’adaptation (visant à diminuer l’impact des changements climatiques sur nos sociétés).
Le dernier rapport du GIEC est paru en 2020. Le résumé et la synthèse pour décideurs devraient être publiés courant 2023.
Les travaux du GIEC de 2013 (5è rapport) ont permis de mettre en avant 4 scénarios d’évolution du climat selon les tendances d’émission des GES.
Quatre profils d’évolution des concentrations de GES (RCP pour Representative Concentration Pathways) sont définis :
Ils sont classés ici du plus optimiste au plus pessimiste, et nommés d’après les valeurs possibles du forçage radiatif à l’horizon 2100. Par exemple, pour le RCP8.5, le forçage radiatif s’élèverait à 8.5 W/m².
Les températures associées aux 4 profils se situeront probablement dans les fourchettes suivantes (chiffres extrait du 5è rapport du GIEC, p.90) :
Scénarios | Température à la surface du globe en 2046-2065 (°C) | Température à la surface du globe en 2081-2100 (°C) |
---|---|---|
RCP2.6 | +0,4 à +1,6 | +0,3 à +1,7 |
RCP4.5 | +0,9 à +2 | +1,1 à +2,6 |
RCP6.0 | +0,8 à +1,8 | +1,4 à +3,1 |
RCP8.5 | +1,4 à +2,6 | +2,6 à +4,8 |
Le scénario RCP8.5 équivaut donc en moyenne à un réchauffement de +2°C à l’horizon 2046-2065 tandis que les RCP4.5 et 6.0, à un réchauffement moyen de +1,5°C.
Ces scénarios ne relèvent (malheureusement) pas d’un imaginaire pessimiste ou apocalyptique. En effet, si nos émissions demeurent inchangées, notre « budget carbone » pour limiter un réchauffement à +1,5°C sera épuisé d’ici 2030. Cette notion de « budget carbone » fait référence à un quota d’émissions « acceptables ». Pour limiter le réchauffement à +2°C (objectif visé par l’Accord de Paris en 2015), ce même budget, toujours selon les mêmes émissions actuelles, sera épuisé en 2050.
0,5°C de différence à l’échelle globale signifie des écarts majeurs entre les pays (cf. paragraphe conséquences).
Les éléments qui suivent proviennent du rapport co-construit par le GIEC et l’IPBES en 2020 et du rapport de l’IPBES de 2019.
Les changements climatiques accentuent la perte de la biodiversité alors même que la biodiversité joue un rôle central dans la régulation des gaz à effet de serre et dans l’adaptation aux changements climatiques (21). Ces deux crises sont dues aux activités humaines : climat et biodiversité sont liés à travers des mécanismes d’interdépendances.
Les animaux et les tissus végétaux sont composés de carbone. Le carbone est l’élément central du CO2, du CH4 (méthane) et l’élément clef de la photosynthèse qui procure l’énergie nécessaire à la vie (il est fourni par les plantes, les algues et les bactéries). Les changements de température et de CO2 dans l’air altèrent ce processus de photosynthèse et affectent le réchauffement global du système terrestre.
Près de 60 % du CO2 anthropique est actuellement dissous (dans les océans), absorbé (par les végétaux), ou stocké (sous forme de matière organique), et tamponne l’effet de l’augmentation des GES (au détriment toutefois de l’acidification des océans). Ainsi la séquestration brute de carbone par les écosystèmes marins et terrestres est évaluée à 5,6 gigatonnes de carbone par an (13) (l’émission des GES est actuellement évaluée à 55 GT de CO2 par an).
La biodiversité agit avec le système climatique via les cycles du carbone, de l’azote et de l’eau. Les organismes vivants représentent une part cruciale du système terrestre qui maintient les climats locaux et rend les conditions de vie soutenables pour les espèces, dont l’espèce humaine. Au-delà de leur abondance, c’est aussi leur diversité -par la richesse des échanges entre eux- qui permet ces rôles de régulation. Par exemple, sur terre et dans les océans, c’est la diversité et la spécificité des micro-organismes des sols et sédiments qui permet l’efficacité des cycles du carbone et des éléments nutritifs (21).
des émissions de carbone en surplus sont dues à la combustion des énergies fossiles
du CO₂ anthropique est actuellement absorbé par les puits de carbone
des émissions de carbone en surplus sont dues au changement d’usage des terres
Une cause majeure du déclin de la biodiversité, le changement d’usage des terres, induit une destruction ou détérioration des écosystèmes supprimant ou réduisant ainsi leur capacité à stocker, absorber ou dissoudre le CO2. La surexploitation des ressources (surpêche, commerce illicite, déforestation…), les pollutions, déséquilibrent les écosystèmes. Le rapport conjoint de l’IPBES et du GIEC est explicite : une société durable requiert à la fois un climat stabilisé et des écosystèmes sains.
Les changements climatiques et la perte de biodiversité présagent des menaces significatives sur les modes de vie des populations, la sécurité alimentaire et la santé publique.
Les rapports de l’IPBES ou celui co-construit par l’IPBES et le GIEC mettent en avant l’impact insuffisant des aires protégées. En 2019, environ 15 % des terres et 7,5 % des océans sont sous protection (protection forte et moins forte selon les politiques de chaque état). Cependant, les surfaces concernées souffrent de délimitations inadéquates et de mesures de gestion assez pauvres, ou peu volontaristes, ou insuffisamment incitatrices pour induire des changements de pratiques efficaces. Les corridors écologiques (trames vertes, bleues, noires, brunes) sont sous utilisés alors qu’un maillage est essentiel pour assurer la migration des espèces en quête de nouveaux habitats. Une approche système à large échelle est conseillée pour avoir un impact efficace et durable dans la préservation de la biodiversité. Il est ainsi préconisé de protéger 30 à 50 % des terres et mers pour compenser les pertes de biodiversité et atténuer les effets du climat(21).
Préserver et restaurer la biodiversité contribuera à la régulation du climat et à l’adaptation des sociétés aux aléas en cours et à venir si, et seulement si, cela est associé à une réduction des émissions de GES produites par les transports, l’agriculture, le bâtiment et l’industrie dans un objectif de maintien en dessous de +2°C.
Préserver et restaurer la biodiversité nécessite de prendre à bras le corps les causes premières de son déclin que sont la destruction des habitats et la surexploitation des populations et des ressources. Les actions mises en place en ce sens permettront d’influer sur le dérèglement climatique en restaurant les puits de carbone terrestres et océaniques. Les émissions humaines doivent baisser pour ne pas aggraver l’état actuel et à venir des changements climatiques et rester sous un seuil gérable. Les actions à entreprendre pour la crise de la biodiversité sont communes aux actions à entreprendre pour l’adaptation aux changements climatiques. La végétalisation des villes et villages contribuera à une réduction des températures locales et assurera une diversité d’essences végétales dont dépendent des espèces animales. Restaurer des corridors écologiques comme la trame bleue assurera un bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques et un cycle de l’eau restauré.
Ces actions appelées « Solutions d’adaptation fondées sur la Nature » sont des actions complémentaires à mettre en place simultanément et en adéquation avec des consommations énergétiques plus sobres. La diversité des Solutions d’adaptation fondées sur la Nature est développée dans le paragraphe « Des solutions pour agir dès aujourd’hui » de ce même dossier.
L’augmentation des GES mène à :
Autant de conséquences qui impactent directement la biodiversité avec un effet « boomerang » sur le climat tel que vu précédemment.
L’étude des fossiles montre qu’un changement climatique rapide peut mener à une extinction de masse capable d’éliminer jusqu’à 90 % des espèces.
*le GIEC précise le degré de certitude des principaux résultats présentés dans ses rapports. Chaque conclusion se fonde sur une évaluation des éléments probants et de la concordance s’y rapportant. Cinq qualificatifs sont utilisés pour exprimer le degré de confiance : très faible, faible, moyen, élevé et très élevé. La confiance dans la validité d’un résultat se fonde sur le type, la quantité, la qualité et la cohérence des éléments correspondants (ex : données, compréhension d’un mécanisme, théorie, modèles, avis d’experts) et le degré de cohérence sur ce résultat.
**90 millions de tonnes de pêche par capture par an en moyenne actuellement
Les implications de la hausse des températures sont nettement visibles avec le recul des glaciers, l’augmentation du niveau de la mer ou encore l’avancée des espèces animales vers les pôles. Au niveau mondial, ces déplacements d’espèces contribueront à réduire la diversité de certaines zones, notamment des latitudes équatoriales. Or, la diversité des populations influe sur leur capacité d’adaptation.
Un autre exemple de l’interconnexion entre climat et biodiversité est l’avancée des conifères dans l’Arctique du fait de l’augmentation des températures. La réduction de la surface enneigée au profit d’une surface sombre verdoyante réduit l’albedo terrestre et amplifie le réchauffement global.
Le dérèglement climatique a engendré des changements notables du cycle de l’eau depuis la moitié du 20ème siècle (17) et d’autant plus marqué depuis 1980. Les précipitations ont augmenté depuis 1950 et augmenteront encore durant le 21ème siècle conjointement à l’augmentation des températures. La sévérité d’évènements de sécheresse et de fortes pluies est accentuée dans un climat plus chaud, et la modification des courants océaniques et atmosphériques influera sur la localisation et la fréquence de ces aléas : les précipitations seront réparties inégalement sur le globe. Les régions tropicales par exemple, seront plus soumises à des épisodes arides.
Dans une étude publiée dans la revue Nature en juin 2017 (22), un groupe de chercheur·se·s présentait des résultats sur le devenir de certaines zones du globe selon les scénarios plus ou moins pessimistes du GIEC.
En effet, une hausse des températures signifie des conditions de vie plus ou moins soutenables, pouvant même excéder la capacité physiologique humaine de s’autoréguler via la transpiration pour évacuer cette chaleur. Les humains meurent alors de chaud au sens propre du terme à cause d’une température et d’une humidité excessives. Actuellement, 30 % de la population mondiale est soumise à un risque de mortalité par la chaleur, 20 jours par an. Avec un scénario de fortes réductions d’émissions de GES, ce taux passerait à 48 % et à 74 %.
Les cartes ci-contre intitulées « Nombre de jours par an au-delà du seuil de mortalité » sont issues de l’étude pré-citée. Elles illustrent les modèles obtenus par les chercheur·se·s pour l’horizon 2090-2100, la carte historique étant une moyenne entre 1995 et 2005. Les zones grisées indiquent des zones de fortes incertitudes pour lesquelles il est plus sûr de ne pas se positionner. Il apparait cependant clairement que les pays les plus touchés par les impacts sont les moins responsables des émissions de CO2. Ce constat est nommé « injustice climatique ».
De plus, l’élévation du niveau des mers prévue par tous les scénarios d’évolution du climat aboutira au déplacement de près de 40 millions d’individus. Les nations insulaires d’Asie orientale et du Pacifique sont les plus vulnérables.
Visionnez la conférence sur le climat et l’injustice climatique, tenue à l’école polytechnique fédérale de Lausanne avec Jean-Marc Jancovici, Julia Steinberger, Sandrine Dixson-Declève et Martin Vetterli
Le tableau présentant la différence entre un monde à +1,5°C et +2°C exposait déjà quelques impacts sur les espèces animales, végétales et les milieux naturels. De même, la hausse des émissions de CO2 sur les océans illustre les conséquences alarmantes d’une absence de réduction des GES (cf. paragraphe « L’impact des hausses de CO2 sur l’océan »).
Toutefois le dérèglement climatique n’est qu’une cause parmi quatre autres à provoquer le déclin de la biodiversité. Le rapport de 2019 de l’IPBES (13) indique 5 facteurs majeurs :
Un article sur le classement de ces cinq causes, paru dans Nature en 2022, alerte sur la priorisation des causes les unes par rapport aux autres. Cet ordre dépend avant tout du contexte géographique et écologique local, contexte qu'il faut prendre en compte lors de la mise en place d'actions de restauration ou de conservation d'espèces. Par exemple, le changement climatique sera la cause majeure de déclin d'espèces inféodées aux hautes altitudes et latitudes (car leur biotope se trouve changé sans marge de migration possible), tandis que les espèces exotiques envahissantes seront le principal fléau sur les îles du Pacifique et de l'océan Atlantique. La surexploitation et les pollutions agricoles menacent elles, en priorité, les îles de l'océan Indien ou des côtes asiatiques.
de la surface terrestre est dégradée de manière significative
de la surface des récifs coralliens a disparu depuis 1870
des zones humides mondiales ont disparu depuis 300 ans
c’est le ratio en millions d’espèces animales et végétales qui sont menacées d’extinction à l’échelle mondiale
La Fresque de la Biodiversité permet de se former sur ce qu’est la biodiversité, quels sont les enjeux qui lui sont liés et comment agir à son niveau. Outil visuel, pédagogique, collaboratif et scientifique, la Fresque de la Biodiversité s'adresse à l'ensemble des décideur·se·s, qu'ils soient citoyen·ne·s, entreprises, collectivités, élu·e·s, associations, étudiant·e·s...
Découvrez les publications de l’Observatoire national sur les effets des changements climatiques (ONERC) et les indicateurs créés pour suivre les changements climatiques en France.
Pour anticiper les conséquences d'un réchauffement climatique mondial à +3°C, la France se dote d'une trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique. Un réchauffement global de +3°C équivaut à une hausse moyenne des températures en France de +4°C.
hausse des températures en métropole en 2019 sur la base 1961-1990
progression de la chenille processionnaire du pin depuis 10 ans
plus tôt en moyenne de retour de migration des oiseaux entre 1989 et 2017
Notre consommation et nos demandes impactent les écosystèmes et influencent directement l’état des ressources. L’entreprise associative Solagro a publié un rapport intitulé « Importations, la face cachée de nos consommations ». La France importe ainsi l’équivalent de la consommation produite sur près de 10 millions d’ha (produits forestiers exclus) en chiffres bruts et exporte dans cette même équivalence, 12,7 millions d’ha. La première importation est le soja pour 1,35 millions d’ha (alimentation du bétail -porc, volailles, biodiesel). Le soja est la première cause de déforestation de la forêt amazonienne et de la savane brésilienne. Le cacao est la deuxième importation (1,16 millions d’ha), responsable pour sa part de la disparition de la forêt tropicale de Côte d’Ivoire.
des émissions de GES de la France sont importées
d’émission par brulage de bois de la déforestation d’1 ha de forêt tropicale (source FAO).
Dans notre région, le changement climatique va se traduire par une augmentation des températures et un dérèglement du cycle de l’eau, ce qui aura des impacts sur l’habitabilité du territoire régional.
Anticiper ces évolutions permettra de mieux s’adapter et mettre en place des actions bénéfiques tant pour l’adaptation que l’atténuation des changements climatiques.
En Centre-Val de Loire, les projections climatiques montrent une poursuite du réchauffement annuel jusqu’en 2050, avec un écart de +2°C par rapport à la référence (période 1981-2010) pour le scénario RCP 8.5 et +1,5°C pour le scénario médian. Après 2050, seul un scénario intégrant une politique climatique très volontariste permettrait de stabiliser cette évolution, les autres scénarios annonçant un réchauffement allant jusqu’à +4°C en 2100 (source Météo France, ClimatHD).
du nombre de jours de canicule entre 2018 et 2040
de surfaces forestières vulnérables aux incendies depuis les années 1980
Les modélisations des effets du changement climatique prévoient une augmentation des températures journalières moyennes mais également une augmentation de la fréquence et de la sévérité des vagues de chaleur*. Ainsi il y aura 2 fois plus de jours anormalement chauds** au printemps et en été.
* Vague de chaleur : température +5°C au-dessus de la normale durant +5jours consécutifs
**Jour anormalement chaud : jour où la température est +5°C au-dessus de la normale
Ces vagues de chaleur vont provoquer des difficultés chez les personnes les plus âgées dont la capacité de transpiration se réduit au-delà de 48h de stimulation ininterrompue (à partir de 65 ans pour les femmes et 75 ans pour les hommes). Le Centre-Val de Loire sera particulièrement touché, cette tranche de population étant plus importante au niveau régional qu’au niveau national. De plus les modélisations d’évolution de la population régionale montrent que la population plus âgée sera de plus en plus importante (+57 % entre 2019 et 2050).
Le milieu urbain, de par l’artificialisation qu’engendre, crée un microclimat spécifique. Il amplifie les températures, créant des îlots de chaleur urbains (ICU). Aussi, les zones urbanisées vont connaitre des pressions grandissantes dans les années à venir, dues aux changements climatiques.
En Centre-Val de Loire, les projections climatiques à l'horizon 2070 ou 2100 prévoient une augmentation annuelle du nombre de jours de fortes précipitations de + 1 à 3 jours par an. Le seuil au-delà duquel une pluie y est qualifiée de « forte pluie » est de 20 mm. Ce seuil de 20 mm de cumul journalier correspond à des valeurs peu fréquentes voire rares pour notre territoire (3,5 jours par an en moyenne). Les cumuls journaliers supérieurs à 20 mm oscillent entre 0 et 10 jours maximum par an, sans évolution perceptible en tendance ou en variabilité.
Le risque d’inondation figure au premier plan des risques naturels dans la région, notamment en raison des crues de la Loire et de ses affluents (Cher, Indre, Vienne…). Les zones inondables concernent une population directement exposée supérieure à 300 000 habitants et de l’ordre de 80 000 emplois : 12 % de la population vit actuellement en zone inondable (source DREAL CVL).
Mais les inondations par ruissellements forts sont également présentes, pouvant s’accompagner de coulées de boues. L’érosion est particulièrement présente dans les vignobles de coteaux mais également dans les zones de culture intensive du nord, de l’ouest et de l’est de la région : pays Chartrain, Perche, Gâtine Tourangelle, Gâtine, Gâtinais, Pays Fort. La modélisation de pertes en terre permet d’estimer que plus de 25 % de la région est affectée par une érosion annuelle supérieure à 2 t/ha. Combinée avec l’augmentation du nombre de jours de fortes pluies, le risque de coulées de boues est alors plus important, raison qui justifie la mise en place rapide d’actions d’adaptation de ces territoires à enjeux.
Les prévisions envisagent également une baisse des débits moyens des cours d’eau de 10 à 40 % (étude Explore 2070) et une augmentation de la durée et de la sévérité des étiages, le tout accentué par les usages anthropiques (prélèvements pour l’eau potable, l’industrie, l’agriculture). Dans le cadre d’un projet (nommé RExHySS) mené sur les bassins de la Seine et de la Somme, une baisse des débits pouvant atteindre près de 50 % a été estimée en périphérie de la Beauce.
Il va également y avoir une augmentation de la température de l’eau des cours d’eau de + 1,1 à 2,2°C d’ici 2070 par rapport à la période de références (1976-2005). L’élévation de la température de l’eau a pour conséquence d’en modifier les équilibres chimiques et biologiques affectant le fonctionnement des écosystèmes et l’approvisionnement en eau potable des populations.
Les modélisations montrent également l’impact du changement climatique sur la recharge des nappes phréatiques. Aujourd’hui déjà, certaines nappes souterraines accusent une baisse significative et durable. Les nappes d’eau souterraines profondes de Beauce, et des sables et grès du Cénomanien, mais aussi les nappes souterraines libres des calcaires et marnes du Jurassique supérieur du bassin versant de l’Yèvre/Auron, et des calcaires et marnes du Jurassique supérieur du bassin versant du Cher présentent une alimentation insuffisante des cours d’eau qui les drainent.
En Centre-Val de Loire il est attendu une baisse de 25 à 30 % de la recharge des nappes à l’horizon 2070. Les ressources en eaux souterraines constituent un élément essentiel pour l’alimentation en eau potable mais aussi pour les besoins agricoles et industriels. La contrainte sur la disponibilité de cette ressource s’accroît du fait du changement climatique et de la croissance de la demande pour les différents usages. Les ressources en eaux souterraines pourraient alors être localement ou régionalement surexploitées, engendrant des conflits d’usages intersectoriels et interterritoriaux.
Les effets du changement climatique ne vont pas se limiter aux sociétés humaines. Animaux et végétaux sont aussi concernés, alors même qu'ils subissent déjà la destruction des habitats naturels, la surexploitation et les effets de nombreuses pollutions. Le dérèglement climatique est une pression supplémentaire qui va affecter particulièrement certains écosystèmes. Certaines espèces, résilientes, auront la capacité de survivre malgré l’altération de leur milieu de vie, d’autres espèces animales et végétales tenteront de s’adapter en migrant vers des habitats plus favorables à condition qu’il leur reste des espaces naturels pour ce faire et que le changement climatique soit suffisamment lent pour le leur permettre. Tout un ensemble d’espèces est ainsi menacé d’extinction.
Avec l’augmentation des températures en période estivale, l’évaporation au niveau des milieux humides sera plus importante qu’actuellement, provoquant un risque accru d’assèchement, menaçant de fait bon nombres d’espèces spécifiques de ces milieux. C’est le cas par exemple du Sonneur à ventre jaune ou du Triton ponctué qui verraient l'ensemble de la région leur être climatiquement défavorable d'ici 2060.
En augmentant, la température de l’eau des cours d’eau influera directement sur l’habitabilité des rivières pour certaines espèces de poissons, mollusques ou crustacés, notamment les espèces d’eaux froides et à tolérances thermiques faibles (ex: Truite fario, Lamproie de Planer, Chabot, écrevisses à pieds blancs…) qui seront les plus impactées (Explore 2070). Il s’en suivra une homogénéisation des populations le long des cours d’eau (études Buisson et Grenouillet 2009, et Tisseuil 2012) et une perte de biodiversité.
La hausse des températures moyennes devrait induire une croissance et une floraison des végétaux plus précoce et donc une période plus longue de production des pollens. La vulnérabilité des populations à ces pollens va être accrue par d’autres facteurs liés au changement climatique, comme les fortes concentrations d’ozone dans l’air liées aux fortes chaleurs, qui ont pour effet d’irriter les voies respiratoires. Cette hausse des températures va également provoquer l’avancée des floraisons, exposant les bourgeons plus précocement au gel. De plus, le dépassement des 25°C entre mi-mai et fin juillet entraînera pour le blé par exemple un phénomène d’échaudage, c’est à dire un arrêt de remplissage du grain et donc des pertes de rendements agricoles.
En Centre-Val de Loire, les calculs de dates de floraison pour différents cépages, s’appuyant sur des températures relevées à Tours, montrent que celles-ci ont avancé de 8 à 10 jours sur la période 1960-2017. L’augmentation des températures, associée à des conditions hydriques de plus en plus défavorables, aura également un impact sur les caractéristiques des vins, voire à l’avenir posera la question de l’adaptation des cépages au territoire (source DREAL).
La modification des températures et des précipitations peut aussi favoriser l’installation ou l’expansion notamment d’espèces exotiques envahissantes, plus adaptées. C'est le cas de la Chenille processionnaire du pin, du moustique tigre, de l’ambroisie, ou des termites qui en Centre-Val de Loire verraient leur aire de colonisation augmenter de 3,5 fois. Les impacts du changement climatique sur la biodiversité sont multiples : modification des cycles de vie, accroissement du risque d’extinction de certaines espèces vulnérables, déplacement des aires de répartition et réorganisation des interactions entre les espèces (fragmentation, compétition).
Il s'agit d'une espèce indicatrice du changement climatique. Avec une augmentation de 1°C, tout l’ouest du Centre-Val de Loire (notamment la Gâtine tourangelle, une partie de la Beauce et le département de l’Indre) devient alors favorable aux installations de termites. Avec une augmentation de 2°C des températures, la quasi-totalité de la région à l’exception de la Sologne et de la forêt d’Orléans devient favorable aux termites, entraînant ainsi la nécessité d’adapter notre habitat à la présence de cet insecte.
Pour aller plus loin :
Ils deviennent un enjeu pour notre région, à la croisée de la santé humaine et des espèces invasives. L’augmentation de la température des écosystèmes aquatiques est favorable à une plus forte densité et répartition des moustiques, vecteurs potentiels de maladies. Le moustique tigre, Aedes albopictus, peut dans certaines conditions transmettre à l'homme les virus du chikungunya, de la dengue et du Zika. En métropole, il s'est développé de manière significative et continue depuis 2004, et est désormais présent dans 64 départements dont, en Centre-Val de Loire, le Cher, l'Indre, le Loiret et l'Indre-et-Loire. Ce moustique a également été repéré de manière ponctuelle en 2021 dans 3 communes du Loir-et-Cher.
Pour aller plus loin :
Les allergies illustrent le lien entre biodiversité, changements climatiques et santé humaine.
Après le cyprès, le bouleau est l’arbre dont le pollen présente le potentiel allergisant le plus important en France. L’augmentation de la teneur en CO2 dans l’air favorise la photosynthèse et devrait favoriser l’augmentation de la production de pollens. Elle est déjà observable pour le bouleau, très présent dans les aménagements paysagers en ville. Il y a eu, ainsi, une augmentation de 50 % du pollen de bouleau entre 1991 et 2018.
L’ambroisie (Ambrosia artemisiifolia) est une plante exotique envahissante très allergène pour l’humain. Elle est présente dans les 6 départements de la région, mais de manière très disparate. Elle est implantée depuis plusieurs décennies dans le Cher et l’Indre, en particulier sur des parcelles agricoles et en bordures de voiries. La plante a également colonisé l’ensemble des berges de la Loire et se retrouve fréquemment le long des autoroutes. De nombreux foyers ont par ailleurs été identifiés en Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et dans le Loiret, mais la présence de cette plante reste peu documentée en Eure-et-Loir. L’accroissement des concentrations dans l’air de pollens d’ambroisie, très allergisants, est également à redouter. Selon une étude du CNRS publiée en 2015, un tiers de cette augmentation serait dû à la dispersion des graines de cette plante invasive par les cours d’eau, les transports routiers et ferroviaires, et les pratiques agricoles. Les deux tiers des cas auraient pour origine le réchauffement climatique qui accroît la zone favorable à l’implantation de l’ambroisie, vers le nord et le nord-est de la France.
Pour aller plus loin :
Pour conserver une planète majoritairement vivable, il est urgent de maintenir le réchauffement climatique à un seuil inférieur à 2°C. Pour cela, deux stratégies sont en œuvre, l’atténuation et l’adaptation.
Si l'adaptation repose essentiellement sur la restauration et la préservation d'écosystèmes fonctionnels, donc sur une biodiversité en bonne santé, les mesures d'atténuation peuvent parfois nuire à la biodiversité (mauvaise gestion du reboisement, artificialisation avec le voltaïque au sol, mortalité aviaire avec l'éolien, problématique de la gestion des déchets du nucléaire...).
C'est pourquoi, selon le rapport conjoint du GIEC et de l'IPBES en 2021, l'enjeu est donc de viser une gestion intégrée de la biodiversité dans les actions climat.
Cette ultime partie dresse donc un panorama des moyens proposés et des défis engendrés par les solutions d'adaptation et d'atténuation, en les appliquant au Centre-Val de Loire.
La capacité d’adaptation est le degré d’ajustement d’un système à des changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes) afin d’atténuer les dommages potentiels, de tirer parti des opportunités ou de faire face aux conséquences.
Atténuation et adaptation sont les deux volets inséparables d’une même transition, qui doit conduire à la durabilité et à la résilience des sociétés humaines, face au risque climatique :
Si l’atténuation passe par des actions de réduction des émissions de gaz à effets de serre notamment, l’adaptation peut se faire en utilisant la nature et les services qu’elle nous rend.
Aucune solution technologique alternative aux énergies fossiles n’est indemne de défaut. C’est pourquoi, en parallèle et en priorité, viser une sobriété énergétique est plus salvateur pour atténuer les changements climatiques. C’est en effet en consommant moins, qu’on émettra moins.
Circulations douces, organisation de la ville des courtes distances, amélioration de la performance de l'habitat sont autant de pistes pour lutter contre les GES et également gagner en qualité de vie...
L’urbanisation des espaces naturels et agricoles conduit à des émissions de GES dans l’atmosphère. Éviter les changements d’affectation des sols et l’artificialisation des espaces, c’est donc agir contre le changement climatique. Cela permet également de préserver des espaces tout en bénéficiant de leur effet « climatiseur » naturel pour les territoires lors des fortes chaleurs estivales. De plus, il est important de préserver les zones humides, les forêts et les prairies permanentes en bon état, en évitant autant que possible qu’ils soient convertis en espaces cultivés ou urbanisés afin de préserver les principaux « puits de carbone » qu'ils constituent.
La Région Centre-Val de Loire porte une vision régionale pour l’aménagement et le développement durable à moyen (2030) et long terme (2050). Le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET), adopté en 2019, détaille cette vision. Il s’agit, par exemple, d’augmenter la part du vélo dans les déplacements à 9 % d’ici 2025, de diviser par deux la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2025 et de recycler au maximum le potentiel des friches et logements vacants ou encore de couvrir 100 % de la consommation régionale d'énergie par la production en région d’énergies renouvelables et de récupération en 2050. L’ambition est de devenir une région à biodiversité positive en 2030.
La Loi pour la Transition Écologique et la Croissance Verte (LTECV) du 17 août 2015 a renforcé le rôle des collectivités territoriales dans la lutte contre le changement climatique, à travers la construction de Plans Climat-Air-Énergie Territoriaux (PCAET). Obligatoires pour les intercommunalités de plus de 20 000 habitant·e·s, des démarches volontaires de territoires peuvent également être menées.
Ces plans, élaborés pour une durée de 6 ans, sont basés sur 5 axes forts :
Ils traduisent localement les ambitions du schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) tout en s’adaptant aux particularités territoriales.
Pour aller plus loin :
Les énergies vertes, ou énergies renouvelables, désignent des énergies dont la production et l’utilisation ne génèrent pas, contrairement aux énergies fossiles, une utilisation de ressources finies. Cette terminologie peut toutefois être trompeuse car si le soleil ou le vent sont « propres », les procédés utilisés pour les exploiter peuvent être sujets à caution.
Pour aller plus loin :
En parallèle d’une transition énergétique, trouver un nouveau modèle agricole est nécessaire pour atténuer les changements climatiques. Le développement de l’agriculture bio, le retour à des circuits-courts, une meilleure valorisation du travail agricole sont autant de solutions pour y parvenir. Soutenir ces modèles que ce soit par des aides financières si on est acteurs du territoire ou par la consommation en tant que citoyen·ne·s permet d’assurer leur développement.
Le Haut conseil pour le climat, a publié en 2023, les recommandations ciblant l’alimentation et l’agriculture, dans le cadre de l’analyse de l’action climatique. Ce rapport a pour but "d'évaluer la mise en œuvre et l’efficacité de l'action publique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, développer les puits de carbone, réduire l’empreinte carbone et développer l’adaptation au changement climatique du système alimentaire".
Les habitant·e·s de ce monde produisent toutes et tous des émissions de GES par leurs activités, leurs achats… À des niveaux différents selon leur pays et leur mode de vie. Selon le rapport d’Oxfam paru en septembre 2020, les 10 % les plus riches de la population mondiale (c’est-à-dire avec un seuil de revenu de 38 000 $/an -données 2015, soit 34 000 €/an), produisent 52 % des émissions de GES, avec les transports comme premier poste de dépense énergétique. L’injustice climatique est le fait que ce sont les pays qui produisent le moins de GES qui souffrent le plus des changements climatiques. Ainsi les 10% d’habitants les plus riches dans le monde sont en Amérique, en Europe, en Chine, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
En tant que Français·e, l’émission moyenne des GES est de 8,2 tonnes d’équivalent CO2 par an (chiffre INSEE 2020). Si l’on souhaite maintenir le réchauffement climatique à moins de 2°C, il faut émettre au plus 2 tonnes d’équivalent CO2 par an.
des plus riches du monde produisent 52% des émissions de GES
La Fresque du Climat est un atelier ludique participatif qui permet de comprendre les causes et conséquences des changements climatiques. Adaptée tant aux adultes qu’aux enfants (Fresque junior), la Fresque donne aussi des solutions pour mieux appréhender les changements en cours. Si vous souhaitez disposer d’outils pour aller plus loin, l’atelier « 2 tonnes » peut répondre à vos attentes !
Le climat change en Centre-Val de Loire. Aussi il est nécessaire d'anticiper les évolutions et leurs répercussions, et de se préparer en agissant sur les sensibilités du territoire régional pour le rendre plus résistant face aux évolutions en cours.
La nature, capable de réguler les températures, d’atténuer les crues et inondations, de diminuer les îlots de chaleur, peut nous aider à réduire l’impact des changements climatiques sur nos sociétés. Un panel de services rendus par la nature peut être mobilisé pour adapter son territoire en tant qu’élu·e mais aussi adapter sa consommation en tant qu’habitant·e.
Pour aller plus loin : découvrez la page dédiée sur le Portail.
Répondant à la fois à la crise de la biodiversité et à celle du climat, les solutions fondées sur la nature s’appuient sur les propriétés et le fonctionnement des écosystèmes tout en ayant un rapport coût-bénéfice avantageux.
Multifonctionnelles, ces solutions limitent le recours à plusieurs équivalents techniques pour favoriser la résilience des territoires par la biodiversité :
Il reste encore beaucoup d'incertitudes sur les comportements des espèces végétales. Mais les prospectives en Centre-Val de Loire orientent l'évolution des aires potentielles de distribution des essences vers une similitude avec l'actuel secteur Poitou-Charentes.
Source Badeau et al., 2010, INRA et ONF
Le groupe 6 regroupe des espèces de l’étage collinéen, fréquentes dans le sud et l’ouest et plus rares dans le nord et le nord-est (Châtaignier - Castanea sativa, Néflier commun - Mespilus germanica, Bourdaine - Frangula alnus, etc.).
Le groupe 7a correspond à l’ensemble des espèces de la moitié ouest et pouvant s’étendre jusque dans le midi (Pin maritime - Pinus pinaster, Bruyère à balais - Erica scoparia, Chêne tauzin - Quercus pyrenaica).
Les effets du changement climatique peuvent être renforcés par de nombreux facteurs rendant la population plus vulnérable : l’âge mais également les caractéristiques de l’habitat puisque des villes « très minérales » restituent au cours de la nuit la chaleur accumulée dans la journée. L’adaptation passe donc par la réintégration du végétal et de l’eau dans les espaces publics afin de les rafraîchir.
La maitrise du réchauffement des eaux est un point important de l'adaptation au changement climatique. Restaurer les ripisylves permet de réguler le régime thermique. Reconnecter les annexes hydrauliques et restaurer les zones humides va limiter l'ampleur des étiages et influer sur la recharge des nappes phréatiques. Restaurer les zones naturelles d'expansion des crues (ZEC) va diminuer le risque d'inondation.
Concernant la biodiversité piscicole, la circulation des espèces est un point clé dans leur adaptation (déplacement de l’habitat favorable des espèces vers l’amont). La restauration de la continuité écologique est donc un levier important pour permettre aux poissons à tolérance thermique faible d’atteindre les habitats plus adaptés à leurs besoins, et d'accéder à des zones de frayères et de croissance.
Restaurer et consolider les continuités écologiques est tout aussi important dans les espaces ruraux. En s’appuyant sur les cartographies des Trames vertes et bleues (TVB), il est possible de cibler les secteurs où les enjeux sont majeurs et les points de conflits (obstacles écologiques) importants. L’objectif est d’optimiser la résilience de la biodiversité, en réduisant la vulnérabilité des espèces et des habitats grâce au renforcement des échanges, et en facilitant le déplacement des espèces et de leur aire de répartition (vers des milieux plus favorables, notamment vers le nord ou vers des altitudes plus élevées).
Les solutions les mieux adaptées pour enrayer les changements climatiques, ne pouvant être que bénéfiques, sont toutes fondées sur la nature. Mettons-nous réellement au chevet de la biodiversité en plein effondrement, cela n'aura que des effets positifs sur le climat. Nous en sommes toutes et tous dépendant·e·s.
Pour résoudre ces crises climatiques et environnementales, il est nécessaire pour les acteurs de toutes échelles, d'aller vers des "changements transformateurs" * : c'est à dire repenser notre rapport à la consommation, à la production, à l'environnement, à l'alimentation, aux déplacements... et tendre à plus de sobriété. Cela mènera alors à dessiner planétairement un nouveau rapport au vivant dans toute sa diversité et sa richesse.
* notion empruntée à Agnès Hallosserie, de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité
L’Anthropocène n’est pas seulement la période où se déroulent deux grandes crises systémiques. C’est aussi le moment où les humains prennent conscience de leurs impacts et assument leur responsabilité dans le devenir de la planète.
Les milieux forestiers et leurs sols, s'ils sont diversifiés et fonctionnels, sont des puits de carbone essentiels à préserver pour atténuer les effets des changements climatiques
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Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
Animatrice territoriale sur les Solutions d'adaptation fondées sur la Nature
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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