L'agriculture biologique assure une production menée sans produit phytosanitaire de synthèse, ni engrais minéraux. Son intérêt pour la biodiversité est grand. Par cet indicateur de suivi, l'Observatoire rend compte des tendances régionales de conversion à l’agriculture biologique et des dynamiques par département.
Pertes d'habitats, chute de 30 % de l'abondance des oiseaux en milieu agricole (suivis STOC 1989-2019), diminution de 37 % des abeilles sauvages et 31 % des papillons à l'échelle européenne (Rapport IPBES sur les pollinisateurs, 2016), augmentation des pollutions dans les eaux superficielles et souterraines, érosion des sols... Le constat de perte de biodiversité en milieu agricole est conséquent. Un changement des pratiques agricoles intensives doit s'opérer pour restaurer les milieux dégradés, et retrouver un équilibre entre faune et flore sauvages, et faune et flore cultivées.
L'agriculture biologique (qui apparait déjà dans les années 1920), se développe réellement à compter des années 50 et s'affirme contre l'intensification de l'agriculture et la dépendance aux industries (produits phytosanitaires, engrais de synthèse...). Pour gérer les maladies, la fertilisation, les ravageurs et les herbes indésirables (adventices) dans les parcelles cultivées, des solutions alternatives sont appliquées, telles que la rotation des cultures, qui amène plus de diversité végétale dans les paysages et permet de casser les cycles des ravageurs, la fertilisation par la matière organique (fumier, compost), le travail mécanique du sol (herse, bineuse), l’utilisation d’auxiliaires de culture (insectes pollinisateurs et prédateurs naturels). Par ces méthodes, l’agriculture biologique permet de réduire les pressions sur la biodiversité (notamment sur les oiseaux nicheurs spécialistes des milieux agricoles) et de préserver la qualité de l’eau.
Depuis 1991, l'agriculture biologique est une agriculture encadrée par un règlement européen qui exclut l'utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides et engrais), d'organismes génétiquement modifiés (OGM) et limite l'utilisation d'intrants (produits non naturellement présents, ajoutés pour améliorer le rendement). Le producteur, le transformateur et même le distributeur s’engagent à travers un cahier des charges rigoureux pour pouvoir bénéficier du label. Des contrôles sont effectués chaque année par un organisme certificateur indépendant. La réglementation est régulièrement mise à jour, un nouveau règlement européen pour l'agriculture biologique s'applique ainsi depuis 2022.
En Europe, la Politique agricole commune (PAC) fixe des objectifs retranscrits dans des plans d'actions nationaux. Ainsi avec la nouvelle PAC 2023-2027, l’Europe annonce un objectif de 25 % des surfaces menées en agriculture biologique d’ici 2030 à l'échelle européenne (près de 10 % de la surface agricole utile (SAU) est en production biologique en Europe en 2021).
En France, le précédent plan Ambition Bio 2022, fixait un objectif de 15 % de la SAU menée en bio, en 2022. Le résultat est de 10,1 % de la SAU menés en agriculture biologique (AB) en 2024. Le plan national Ambition bio 2027, prend la relève du précédent, et fixe de nouveaux objectifs pour atteindre 18 % de la SAU menés en AB d'ici 2027.
En France et dans les territoires, les données de suivi du développement de l'agriculture biologique sont fournis par l'Agence bio, qui œuvre pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique.
Ici, chiffres extraits en juillet 2025.
des fermes françaises sont engagées en AB
de la SAU française est menée en AB
des produits AB sont importés
L'indicateur de l'Observatoire de la biodiversité utilise les données exportées depuis l'Agence bio et validées par l'Observatoire régional de l'agriculture biologique (ORAB) co-piloté par la DRAAF, Bio Centre et la Chambre régionale d'agriculture (série des données = été 2025).
Aussi, en 2024, en région :
des fermes régionales sont engagées en AB
de la SAU régionale est menée en AB
rang français
La surface totale engagée en agriculture biologique en région est de 106 546 ha, soit une baisse de -4 % par rapport aux surfaces engagées en 2023. Les surfaces en conversion d'un total de 9 152 ha en 2024, baissent de 31 % par rapport à l'an dernier (13 307 ha en conversion en 2023), ce qui est aussi dans la continuité de 2023 par rapport à 2022. Le ralentissement de la consommation de produits bio, le manque de rémunération de la production en agriculture bio (contre des prix assez élevés dans les filières conventionnelles), et l'avenir incertain des politiques publiques en faveur de la bio, expliquent cette baisse de conversion.
1 975 exploitations sont engagées en productions biologiques en 2024 (dont 84 en statut de conversion). Une exploitation peut être menée par plusieurs personnes physiques et peut compter plusieurs ateliers (atelier de production végétale et atelier de production animale).
engagés en AB en région en 2024
Grandes cultures = céréales + oléoprotéagineux + légumes secs + cultures industrielles
Surfaces fourragères = surfaces toujours en herbe + cultures fourragères
Fruits et légumes = agrumes + autres fruits + baies + fruits à coques + fruits à noyaux + légumes frais
La majeure partie des surfaces menées en AB concerne les surfaces fourragères, à hauteur de 44 % de la SAU dédiée à l'agriculture biologique et les grandes cultures pour 42 %. Suivent ensuite les vignes (6 %) puis les fruits et légumes (4 %) et les autres productions (4 %).
Les départements du Cher et de l'Indre ont les surfaces les plus importantes en AB sur la région avec 25 970 ha dans le Cher (répartis principalement entre des céréales, des cultures fourragères et des surfaces toujours en herbe) et 22 765 ha dans l'Indre.
En Centre-Val de Loire, 51 diagnostics ont été menés par Bio Centre en 2020 et 2021 dans les fermes à production biologique, dans le cadre de l’appel à projet « bio au carré ». Il en ressort des caractéristiques partagées par l’ensemble des productions (diversité d’espèces végétales cultivées, longue durée de rotation, emploi de luttes alternatives) et d’autres plus spécifiques, comme par exemple, l’enherbement des sols en viticulture et arboriculture ou l’utilisation de variétés anciennes en maraîchage.
Le point d’amélioration partagé reste la gestion des sols, l’agriculture biologique ayant principalement recours au travail du sol pour lutter contre l’enherbement des parcelles, ce qui a un effet négatif pour une partie de la faune du sol. La diversité des types d’infrastructures écologiques reste également à améliorer tout comme l’agroforesterie, encore peu présente en région.
Cependant, 1/3 des exploitations bio diagnostiquées de la région possède une mare, la moitié ont installé des nichoirs et autres abris, les 2/3 ont conservé au moins un bosquet... Les agriculteurs et agricultrices biologiques sont majoritairement sensibilisé·es et concerné·es par la protection de la biodiversité, dont ils sont dépendants (pollinisation, régulation des ravageurs et des maladies).
Les surfaces menées en AB diminuent en région par rapport à l'année précédente (-4 % par rapport à 2023). Ce recul s'observait déjà en 2023 par rapport à 2022. Sans surprise, le recul des surfaces en conversion est dans la même dynamique que l'année précédente : -35 % en 2023 et -31 % en 2024. Cette chute se ressent à l'échelle nationale avec depuis 2022, une perte de 110 445 hectares.
La valeur du marché de la production biologique demeure la même qu'en 2023, soit une valeur de 12 milliards d'euros à l'échelle nationale, pour une importation de produits en provenance de pays tiers (en majorité) à hauteur de 30 % (concernant l'épicerie salée et sucrée, les fruits et dérivés et les produits de la mer). En 2024, l'INSEE enregistre une très légère augmentation de la consommation de produits bio, à hauteur de +0,6 %. Les achats se font préférentiellement en magasin bio spécialisé et en vente directe : bien que près de 45 % des fermes françaises bio pratiquent la vente directe, celle-ci ne représente que 13,5 % du marché du bio (encore tenu à 47,7 % par la grande distribution, 29 % par les magasins bio spécialisés et 9,8 % par les artisans-commerçants -boulangerie, primeurs…).
Le contexte budgétaire actuel génère un climat incertain pour l'avenir de la bio. En 2025, le budget de l'Agence bio est diminué de 15 millions d'euro, avec en premier lieu, un moindre investissement dans le fond Avenir bio qui permet de structurer des filières et assurer d'autres financements privés ou publics dans le développement de filières. Cette actualité aura son impact sur l'augmentation des surfaces en production biologique et sur le nombre de fermes qui oseront se convertir, déjà fragilisé par le recul de la consommation suite à la crise sanitaire du Covid.
Aller plus loin :
Une augmentation de la valeur des surfaces menées en agriculture biologique, traduit un accroissement des surfaces agricoles engagées dans des démarches plus respectueuses de l’environnement, limitant les impacts sur la biodiversité.
Huit ans après l'analyse de l'institut de recherche de l’agriculture biologique de 2016, portant sur les externalités de l'agriculture biologique, une actualisation de cette étude est entreprise (analysant 800 articles scientifiques) et présentée en 2024. Portant sur la santé, les sols, le climat et la biodiversité, elle montre une moyenne de 23 % d’espèces en plus et 32 % d’individus en plus sur les parcelles menées en AB par rapport à des parcelles menées en conventionnel. Les différences sont surtout notables pour les grandes cultures en plaine. La prépondérance de surfaces prairiales en AB a aussi un impact positif, les cheptels ayant accès à une pâture menée de façon extensive. L'agriculture biologique ressort aussi en terme de bénéfice pour la santé humaine et environnementale, avec une moindre contribution au phénomène d'antibiorésistance, une moindre utilisation d'additifs dans les aliments et bien sûr moins de résidus de pesticides et une meilleure résistance aux sécheresses.
Aller plus loin :
*Le groupe de travail de l'Observatoire est constitué des 3 co-pilotes (Région, OFB et DREAL) et des 3 pôles Faune, Flore & habitats et Gestion des milieux naturels.
Culture d'avoine et de lentillon en petite Beauce ©L. Roger-Perrier, ARB
Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
Acteur
Bio Centre, Association interprofessionnelle régionale créé en 2007, regroupe et représente les acteurs de la filière agricole biologique de la région Centre-Val de Loire.
Acteur
Service déconcentré de l'Etat en charge de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt en région Centre-Val de Loire
Dossier thématique
Biodiversité et climat, même combat ! Leurs crises sont liées, s'accentuent mutuellement et ont la même origine : les activités humaines. Les solutions se rejoignent également. Pour réduire les effets des changements climatiques, il faut s'appuyer...
Idée d'action
Pare-vent, ombrage, corridor pour la faune, rétention du sol contre le ruissellement, abri pour les auxiliaires des cultures... Les haies ont de nombreux atouts pour l'agriculture.
Page
Nos modes de vie dans toutes leurs composantes impactent directement la biodiversité locale et mondiale. Différents facteurs menacent les espèces et les habitats naturels. Notre région est aussi concernée.
Dossier thématique
Santé et biodiversité, tout est lié ! Ce dossier souligne l'interdépendance de ces deux enjeux et révèle combien la santé humaine, animale et végétale, dépend de la qualité de nos écosystèmes. À découvrir : comment une approche "Une seule santé" et...
Dossier thématique
Biodiversité et agriculture sont interdépendantes depuis des milliers d’années. Alors que l’agriculture peut jouer un rôle positif pour la biodiversité, les modes de production agricole des cinquante dernières années ont dégradé l’état de la...
Page
Le Centre-Val de Loire présente une diversité de paysages qui accueillent des milieux particulièrement riches en biodiversité.
Acteur
Au service du développement des agricultures et des territoires
Idée d'action
Vous êtes agriculteur·rice et vous souhaitez agir en faveur de la biodiversité ? Rejoignez le programme national « Des terres et des ailes » porté par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) !
Acteur
Suivre la biodiversité pour assurer sa préservation
Page
La biodiversité domestique est une autre composante de la biodiversité menacée. Elle désigne les animaux d’élevage et les variétés potagères et fruitières locales, issues de la domestication et de la sélection humaine.