Cimetières et biodiversité Cimetière de Luisant (28) © Ville de Luisant
Informations générales
Date de l'actualité
16 nov .21
  • Démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Pour les systèmes humains, il s’agit d’atténuer les effets préjudiciables et d’exploiter les effets bénéfiques. Pour les systèmes naturels, l’intervention humaine peut faciliter l’adaptation au climat attendu ainsi qu’à ses conséquences (GIEC).
  • suspension de particules dans un gaz
  • pouvoir réfléchissant d’une surface
  • basiques, le contraire d'acides
  • dépôts sédimentaires constitués de matériaux solides tels du sable, de la vase, de l'argile, des galets, du limon et des graviers, transportés par les eaux d’un cours d’eau, le plus souvent intermittent, sur une plaine inondable, un delta, une plage ou autre équivalent
  • coléoptères ravageurs des crucifères (colza, choux).
  • cavités profondes et irrégulières
  • désigne un sol cultivé en agriculture
  • période sévère de basses eaux
  • Intervention humaine visant à réduire les sources ou à renforcer les puits de gaz à effet de serre (GIEC).
  • ensemble des espèces d'oiseaux d'une région donnée
  • remblais de terres et de graviers le long d'un cours d'eau, qui permettent de former les méandres (virages)
  • En biologie, ensemble de la matière organique d'origine végétale, animale, bactérienne ou fongique.
  • processus d'innovation et ingénierie qui s'inspire des formes, matières, propriétés, processus et fonctions du vivant
  • dont la coquille est formée de deux valves, reliées par une charnière, un ligament corné flexible et un ou deux muscles > par exemple chez les coques, moules, palourdes, pétoncles, huîtres, couteaux, coquilles Saint-Jacques...
  • sur des sols calcaires
  • phénomène physique à l’origine d’échange de chaleur via un fluide
  • montées soudaines du niveau d'eau dans un cours d'eau
  • qualifie un organisme aquicole vivant et se reproduisant en eau douce
  • Arrêt du remplissage du grain de blé lors de sa phase de maturation à cause de trop grandes chaleurs (canicule). Cela a pour effet de diminuer le poids du grain et donc le rendement.
  • étude scientifique du comportement animal principalement en milieu naturel
  • niveler, lisser
  • période où le niveau d'eau d'un cours d'eau est le plus bas
  • accumulation excessive de nutriments au sein d'un écosystème aquatique.
  • épanchements de liquide organique
  • types différents d'écoulement présents dans un cours d'eau (rapides, plats, radiers, mouilles)
  • Cours d'eau se jetant directement dans la mer, quelle que soit son importance
  • Phénomène artificiel de morcellement de l'espace (définition de l'Insee)
  • période de reproduction des poissons
  • une zone de gagnage est un endroit utilisé par des animaux sauvages pour se nourrir
  • Qui concerne la répartition selon leur diamètre, des particules des roches, sables, et graviers.
  • Le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) sur le sol, regroupant les ministères de l’agriculture et de l’environnement, l’OFB, l’INRAE, l’IGN, le BRGM, l’ADEME et l’IRD a pour mission de compiler et traiter les informations sur les sols relative à leur inventaire, leur conservation, leur analyse et leur qualité.
  • qui possède les organes reproducteurs des deux sexes
  • mouvement, distribution et qualité de l'eau
  • L’hydromorphologie c’est l’étude de la morphologie des cours d'eau (nature du sol, débit, pente, granulométrie du fond, etc.) des cours d’eau, fleuves et rivières, et notamment l’évolution des profils en long et en travers et du tracé planimétrique. <br />L’hydromorphologie c’est aussi l’étude des caractéristiques physiques naturelles des rivières et de leurs annexes hydrauliques (les variations de profondeur, de courant, la structure et la politique d’entretien et d’aménagement de ces rivières et fleuves).
  • à propos d'un flux, qui se dirige vers un système avec lequel il va interagir
  • Espèce qui est liée très fortement à cet organisme ou ce milieu et qui peut difficilement vivre sans celui-ci
  • rayonnements électromagnétiques d’une longueur d’onde supérieure à celle de la lumière, ne leur permettant pas d’être visibles.
  • qui mangent la lignine, principal composant du bois avec la cellulose et l'hémicellulose
  • feuilles mortes, aiguilles, branches, fruits, mousses que composent les premiers centimètres sur le sol
  • variations artificielles du niveau d'eau d'un plan d'eau, d'une voie navigable ou d'une retenue exploitée
  • seuils, radiers de pont, passages busés, barrages, etc. qui sont de nature à altérer la migration des espèces aquatiques, ainsi que la diversité et la qualité des habitats naturels disponibles (définition de l'Insee)
  • relatifs aux marais
  • Un peuplement forestier se caractérise par un mode de renouvellement des arbres (régénération naturelle ou artificielle), par un régime (futaie, taillis, taillis sous futaie), par la structure (âge des arbres) et par la répartition des différentes essences d’arbres.
  • Étude de l'évolution des phénomènes cycliques de la vie des plantes (germination, floraison...) et des animaux (migration, hibernation...) en fonction des variations climatiques.
  • durée quotidienne de la lumière du jour
  • Processus par lequel les plantes fabriquent des sucres et de l'oxygène à partir de la lumière et du CO2
  • végétaux communément appelés roseaux, genre de plantes herbacées de la famille des Poaceae
  • Un protocole expérimental désigne l'ensemble des étapes et des règles à respecter pour mener une expérience scientifique.
  • Action qui consiste à remettre le cours d’eau dans une configuration plus naturelle, en recréant ses anciens méandres ou en créant un nouveau tracé avec des profils variés
  • Linéaire d'arbres en bordures de cours d'eau
  • Combinaison de la probabilité d’une inondation et des conséquences négatives potentielles pour la santé humaine, l’environnement, le patrimoine culturel et l’activité économique associées à une inondation.
  • Cours d’eau moyennement important, alimenté en eau par d’autres cours d’eau (affluents) et confluant avec un cours d’eau de plus grande importance
  • Petit cours d'eau peu profond, au débit modéré
  • processus selon lequel des particules de matières se déposent en couches
  • ensemble de particules en suspension dans l'eau, l'atmosphère ou la glace, qui a finit par se déposer sous l'effet de la pesanteur souvent en couches ou strates successives
  • groupes d'espèces
  • méthodes limitant le travail du sol
  • micro-formes en buttes ou en mottes plus ou moins arrondies, de 40 centimètres à plus d'un mètre de haut
  • Capacité d'une entreprise à générer de la richesse par son cycle de production

L’ARB sensibilise et accompagne les collectivités pour faciliter la transition vers un cimetière écologique. Ce dossier est la synthèse des informations qui viennent alimenter les temps d’échanges entre acteurs en région.

vue aérienne du cimetière de Saint-Germain des Prés (45) © googlemaps
vue aérienne du cimetière de Saint-Germain des Prés (45) © googlemaps

Ce dossier en quelques mots

Le cimetière que l’on connaît aujourd’hui comme un lieu excentré de la ville et minéral, n’a pas toujours été ainsi. Cet espace public s’est transformé sur les deux derniers siècles pour des raisons sanitaires et réglementaires, et au gré des pratiques funéraires et symboliques. D’un espace de nature sereine il est devenu progressivement un lieu austère, où aucune herbe ne doit pousser entre les allées de graviers. Cependant, le regard porté sur ces lieux tend à évoluer, entre interdiction des produits phytosanitaires et nouvelles attentes des familles, cet espace public est repensé en donnant la part belle au végétal. Ce retour au cimetière « vivant » représente un défi pour les collectivités : la gestion de la végétation, la place de l’arbre,  la communication  auprès des familles… sont autant de points à intégrer dans les plans d’aménagement et de gestion de ces espaces.
En Centre-Val de Loire, de nombreuses collectivités ont déjà initié la métamorphose de leur cimetière. Ce dossier retrace un bref historique de l’évolution du cimetière, les retours d’expériences pour partager les pratiques, et les enjeux en matière de biodiversité. Il donne des clés pour connaître, comprendre et agir.

Un défi historique pour les collectivités

Entre tradition culturelle et protection de l’environnement, l’entretien du cimetière est souvent un défi pour les communes. 
Ces espaces sont encore très minéralisés et souvent leur conception rend difficile l’arrêt de l’utilisation des pesticides prévu par la loi au 1er juillet 2022. De nombreuses collectivités ont anticipé cette évolution réglementaire. Celle-ci constitue une suite logique à l’abandon progressif des produits phytosanitaires sur l’ensemble des espaces publics dont les collectivités ont la gestion, au profit d’une biodiversité retrouvée. De plus, le développement de la flore spontanée est encore globalement mal perçu dans ce lieu de recueillement et de mémoire, où il est interprété comme une mauvaise gestion voire un abandon et un manque de respect.

Aussi, au-delà de l’esthétique, modifier les pratiques par une approche écologique peut être une réelle une opportunité de réduire les contraintes et les coûts d’entretien en apportant des solutions adaptées à chaque contexte. Végétaliser le cimetière peut permettre une gestion plus facile, offrir un espace propice au recueillement et aussi être un moyen de lutter contre les îlots de chaleur en ville ou encore de gérer l’eau de pluie.

Comment en est-on arrivé aux cimetières minéraux ? Quelle réglementation s’applique ? Quels aménagements privilégier pour retrouver des cimetières vivants ? Quelles expériences en Centre-Val de Loire ? Comment concilier attractivité pour les habitants et la nature, et vocation de recueillement ?

 

D’une nature sereine à une minéralisation austère

Les cimetières jardins d’autrefois

Jusqu’au début du XIXème siècle, le cimetière était au cœur de la vie de la commune, souvent situé autour de l’église, ayant un aspect naturel mélangeant zones en herbe, fleurs, arbustes… Les cimetières étaient alors jardinés. L’arbre y était bien présent car véhiculant une symbolique importante : le chêne pour la pérennité et l’attachement familial, le saule pleureur évocateur du deuil, l'acacia, le cyprès et le lierre symbolisant l’immortalité, le buis la permanence de la vie… L’entretien était souvent réalisé par une personne présente en continue qui s’occupait à la fois de la gestion courante du cimetière et de la création des fosses.
 

Zoom sur

La place de l’arbre : l’importance de la symbolique

Dans les cimetières, les arbres ont toujours eu une représentation symbolique. Réimplanter des arbres lors de la création de nouveaux espaces ou lors du réaménagement d’un secteur permet de structurer l’espace et permet de se projeter sur le temps long, au fil des saisons. Les espèces dites “marcescentes” (chênes, charmes ou châtaigniers) se parent de couleurs automnales flamboyantes, conservent leurs feuilles mortes attachées aux branches durant l’hiver, feuilles qui ne tombent que lors de la pousse des nouvelles. Cela minimise le visuel “dépouillé” qui pouvait donner l'image d’un cimetière délaissé, tout en réduisant le travail d’entretien lié au ramassage automnal des feuilles. Ces essences peuvent être associées à des arbres à floraison printanière faisant écho à la symbolique de la renaissance. Lors de la plantation d’arbres, il est indispensable d’anticiper le développement du système racinaire pour éviter les problèmes de soulèvement des sépultures voisines qui pourraient survenir des années après la plantation. 
Enfin, il est conseillé de choisir les essences à planter parmi les essences considérées comme génétiquement locales. Pour cela, vous pouvez vous référer à la liste disponible sur l’idée d’action « planter local » et privilégier la marque “Végétal local”.

 

Exemple d’arbres dans les cimetières (de gauche à droite) : St Jean de Braye © FREDON Centre-Val de Loire, Cimetière La Salle © Ville de Tours

Des cimetières paroissiaux aux cimetières municipaux, éloignés des centres-villes

Le 10 mars 1776, une ordonnance royale prescrit le déplacement des cimetières en dehors de l’enceinte des villes notamment pour des raisons sanitaires. La Révolution française transfère la propriété des cimetières paroissiaux à la commune : le cimetière municipal devient alors public par décret impérial du 2 juin 1804.

Des considérations sanitaires qui poussent à la standardisation

Dans le même temps, ce décret impérial impose que les plantations soient “faites en prenant les précautions convenables pour ne pas gêner la circulation de l’air” afin de répondre aux normes sanitaires de l’époque (art. R2223-2 du Code général des collectivités territoriales (CGCT)). La clôture d’enceinte, un mur de 2 mètres au moins, “peut être fait d’un grillage métallique (autorisé par le décret du 5 janvier 1921) [...] renforcée par un écran d’arbustes épineux ou à feuilles persistantes” (art. R2223-2 du CGCT).
Le passage à cette gestion communale va ainsi tendre vers une standardisation de la conception des cimetières.

Une minéralisation progressive

Exemples de 3 cimetières Loirétains au début du 20e siècle © Archives Départementales du Loiret

 

 

La fin du XXème siècle a découragé l’expression de la nature dans les cimetières. Dans le cimetière contemporain, de nouveaux codes sociaux apparaissent avec notamment l’appropriation de l’espace lié au système d'acquisition de concessions. Petit à petit, les plus riches construisent des monuments en pierre, puis au fil du temps ce mouvement gagnera toutes les couches sociales avec des pierres tombales et une minéralisation globale de cet espace : pierres de marbre, caveaux de béton fabriqués artisanalement, puis industriellement sont alignés entre des allées de graviers.
Avec l’avènement de la pétrochimie, après la seconde guerre mondiale, la gestion de ces espaces s’est vue modifiée par l’utilisation systématique des pesticides et herbicides de synthèse, le but étant de garantir un sentiment de “propreté”. C’est la chasse aux herbes folles !
 

Les 3 mêmes cimetières en 2021 © ARB

Un changement de regard sur les cimetières

L’interdiction des produits phytosanitaires de synthèse, premier pas vers un retour de la nature

Longtemps, ces produits phytosanitaires ont été utilisés comme outils de gestion des espaces minéralisés, pour leur faible coût et leur rapidité d’utilisation. Leurs conséquences sur la santé publique et la biodiversité, sur les sols et les eaux, n’étaient alors pas aussi bien connues qu’aujourd’hui.
Un premier arrêté (du 27 juin 2011) réglemente l’utilisation de certains produits dans les lieux fréquentés par le public. Puis, la loi du 6 février 2014 dite “Loi Labbé” (modifiée par l’article 68 de la loi de Transition énergétique (2015) et la loi Pothier (2017)) interdit aux personnes publiques, à compter du 1er janvier 2017 “d’utiliser ou de faire utiliser par leur prestataire, des produits phytosanitaires de synthèse pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public”, les cimetières en étant exclus. Depuis, l’arrêté du 21 janvier 2021 modifiant de nouveau la “loi Labbé” conduit à l’élargissement de ces interdictions aux cimetières à partir du 1er juillet 2022, “hors produits de biocontrôle à faible risque ou utilisables en agriculture biologique”.
 

L’évolution des pratiques funéraires conduit à un changement de regard

Parallèlement à ce changement réglementaire, des évolutions ont lieu dans la pratique funéraire, avec notamment un recours plus fréquent à la crémation. Selon une enquête du CREDOC (Hebel et al., 2016), l’inhumation reste majoritaire (63%) mais la crémation progresse (1 % des obsèques en 1979, 37% en 2016). Cela donne lieu à l’aménagement de nouveaux espaces, les “Jardins du souvenir” et colombariums, sites destinés à recevoir les cendres des défunts, dispersées ou dans une urne. Ces espaces, devenus obligatoires pour les communes de plus de 2 000 habitants (loi du 19 décembre 2010), sont souvent très végétalisés. Ce lieu sacré devient alors un jardin, parc, lieu de promenade, espace de biodiversité tout en gardant sa fonction de recueillement.
 

Exemples d’espaces liés aux nouvelles pratiques funéraires : le columbarium du cimetière de La Salle à Tours et jardin du souvenir dans le cimetière de Frédeville à Saint-Jean de Braye © FREDON Centre-Val de Loire

Zoom sur

Webinaire de présentation de l'évolution réglementaire

Suite à l’arrêté du 21 janvier 2021 annonçant l’évolution réglementaire concernant l’utilisation des produits phytosanitaires dans les cimetières, le CNFPT, le Ministère de la transition écologique, le Ministère chargé des sports, Plante et cité et la FREDON, ont organisé un webinaire pour décrypter les changements à venir.
Accéder au replay

La gestion durable d’un cimetière vivant

Les cimetières évoluent : nouveaux usages, nouvelles pratiques… Il est donc nécessaire de faire évoluer leur gestion pour répondre aux réglementations et aux attentes des familles. L’entretien des cimetières reste pour beaucoup de collectivités un sujet très compliqué à appréhender, que ce soit pour les techniciens comme pour les élus. En effet, les défis peuvent être nombreux pour les communes :

  • coût de gestion important
  • réduction du temps imparti à la gestion des espaces
  • pression sociétale vers des modes de gestion plus naturels
  • relative complexité de mise en œuvre de ces techniques alternatives

Pour autant, il existe des solutions. Les premières collectivités à avoir fait le choix de l’arrêt des produits chimiques disposent de retours d’expériences sur des techniques alternatives laissant le plus souvent une place importante à la végétalisation.

Le végétal : faire d’une contrainte un atout

Si le passage au zéro pesticide dans les cimetières est un défi, c’est avant tout l’opportunité de proposer une nouvelle conception de la nature en ville, riche de biodiversité et bénéfique à tous grâce aux services qu’elle nous rend. Il ne s’agit pas de rechercher le même résultat visuel qu’avec l’utilisation de produits phytosanitaires car cela conduirait à une impasse, mais plutôt de repenser l’espace en faisant le choix de la végétalisation, plutôt que du désherbage. Judicieuse, la végétalisation a plusieurs avantages :

  • réduire le temps alloué à l’entretien
  • mettre en valeur certaines parties du cimetière
  • faciliter l’infiltration de l’eau de pluie et ainsi limiter les problèmes liés à l’érosion des sols
  • diminuer la sensation de chaleur liée à la réverbération du soleil sur le minéral
  • contribuer à un aménagement favorable à la biodiversité
  • aménager les lieux pour favoriser le recueillement et la sérénité.

Partir de l’existant

Une gestion écologique des cimetières ne signifie pas une gestion anarchique, où les “mauvaises herbes” seraient reines. Bien au contraire, elle implique un subtil équilibre entre les fonctions du site, les attentes des usagers, les enjeux environnementaux et les cadres légaux qui les régissent. Or chaque cimetière présente ses propres particularités et contraintes. Il s'agit donc d'adapter au maximum les techniques en fonction des enjeux et des espaces. 
Il s’agit en premier lieu d’effectuer un diagnostic complet du cimetière : analyser l’existant, les contraintes architecturales liées à sa conception, les zones aménagées, leurs usages et leur état ainsi que les contraintes du milieu (sol et climat). Peuvent être envisagés ensuite les réaménagements éventuels.

Réutiliser les espaces et les éléments historiques

C’est lors de ce diagnostic que doit être intégrée la réflexion sur le relèvement des tombes en état d’abandon. Ces espaces remobilisés pourront être utilisés pour installer des zones de végétation en repensant le cimetière dans sa globalité. La végétalisation peut alors structurer le paysage, notamment par le choix des essences, leur localisation et la hauteur de pousse recherchée (arbres, arbustes, herbacées de type pelouse ou prairies fleuries). La réutilisation de ces espaces pourra éviter des extensions de cimetière consommatrices d’espaces. Un soin particulier pourra alors être donné à la réutilisation d’éléments architecturaux et historiques (ornements de stèles, ferronneries, …) pour conserver les traces du passé.

Inventorier la biodiversité

Il peut également être intéressant de connaître la biodiversité déjà présente dans le cimetière avant d’intervenir. Pour cela, le cimetière peut être intégré comme un site à suivre lors de la réalisation d’un Inventaire / Atlas de la biodiversité communale (IBC/ABC).

Exemple de diagnostic cartographique réalisé par la FREDON Centre-Val de Loire
Exemple de diagnostic cartographique réalisé par la FREDON Centre-Val de Loire

Désherber ou ne pas désherber, telle est la question

L’enquête réalisée par Plante & Cité auprès de 233 collectivités en 2016 a montré que le nombre d’heures dédiées à l’entretien du cimetière était compris entre 460 et 730 h/ha/an. Le désherbage arrive en tête dans le classement des heures dédiées à l’entretien (tout type d’ambiance de cimetière confondu) suivi par les missions de propreté/tonte ou de fauche.

Nombre d’heures dédiées à l'entretien annuel du cimetière en fonction de son ambiance générale © Plante et Cité (étude de 2016)
Nombre d’heures dédiées à l'entretien annuel du cimetière en fonction de son ambiance générale © Plante et Cité (étude de 2016)

(moyenne : somme de toutes les valeurs, divisée par l’effectif total de la série - médiane : valeur qui partage une série en deux séries de même effectif, avec autant de valeurs inférieures à la médiane que de valeurs supérieures)

Réduire le temps consacré au désherbage et optimiser la gestion du cimetière en mobilisant les ressources humaines sur d’autres pratiques apparaît être un enjeu majeur. L’aménagement paysager avec la plantation de différents végétaux offre une solution efficace pour limiter les effets visuels et la prolifération d’un enherbement indésiré.
Ainsi, chaque espace peut être concerné : 

  • enherbement des zones en stabilisé (gravillons, sable, calcaire, etc.) de type allées ou pieds de murs
  • végétalisation des inter-tombes (par exemple avec des plantes couvre-sols)
  • végétalisation des espaces non utilisés (par exemple en prairie)


Pour aller plus loin, retrouvez l’idée d’action : « végétaliser mon cimetière »

Zoom sur

La gestion du végétal dans un cimetière en 3 questions :

Au-delà de la maîtrise du temps humain nécessaire à l’entretien du cimetière, les collectivités sont le plus souvent confrontées à 3 questions récurrentes :

  • Si les allées sont végétalisées, le cimetière reste-t-il accessible pour les  personnes à mobilité réduite ?  

Cela  constitue en effet une inquiétude récurrente lors des réflexions en faveur de la végétalisation. Il faut savoir que l’enherbement des allées et la gestion en gazon rend plus accessible l’accès, en comparaison avec un sol engravillonné. De plus, la pose de dalles ajourées peut matérialiser les cheminements tout en laissant une large place à la végétation. Cette dernière pouvant être facilement entretenue par tonte.

  • Comment lutter contre l’augmentation des phénomènes de ruissellement ?

Conséquences déjà visibles du changement climatique, les fortes pluies sur une période courte entraînent une érosion du sol nu ou en gravier des cimetières. Il est alors nécessaire d’intervenir pour remettre en état. La végétalisation (enherbement des allées ou installation de plantes couvre-sols dans les inter-tombes) est une solution pour limiter ce type de dégâts en maintenant le sol et facilitant l’infiltration de l’eau.

  • Si les sépultures s’ouvrent par l’avant (et non sur le dessus), comment entretenir des allées enherbées ? 

Bien que cela ne concerne qu’une minorité de collectivités, cette ouverture par l’avant rend l’enherbement des allées compliquée car chaque enterrement conduit à la destruction d’une partie de la pelouse. La collectivité doit ainsi prévoir de re-semer régulièrement les parties concernées avec un rendu visuel temporairement hétérogène. Dans ce cas, une communication adaptée à destination des familles devra être mise en place.

Favoriser l’accueil de la biodiversité

Un lieu de refuge de la faune

Si le développement du végétal dans les cimetières répond en premier lieu à une problématique de gestion, il offre également des services face aux enjeux de changement climatique (gestion de l’eau pluviale, lutte contre l’érosion des sols, réduction de l’effet îlot de chaleur, ...) et constitue une opportunité pour créer un lieu propice à la biodiversité. Cette dernière pourra y trouver refuge si les conditions lui sont favorables, notamment grâce au calme qui y règne. C’est pourquoi il est nécessaire d’anticiper ces questions de biodiversité dès les phases amont de la réflexion sur l’évolution du cimetière. Il convient donc de penser la végétalisation à la fois sous le prisme de l’usage, de la gestion, du paysage et de la fonctionnalité écologique.

Choisir la flore locale pour le couvert…

Le choix de la végétation à installer doit prendre en compte plusieurs critères : le type de sol (sableux ou non), le piétinement, la résistance à la sécheresse, la hauteur de végétation escomptée, la capacité de recouvrement, le faible entretien, l’intérêt pour la biodiversité, … Concernant les arbres et arbustes, il est conseillé de choisir les essences d'origine locale et/ou labellisées “végétal local”. 

…et installer le gîte !

Il est également possible de créer des aménagements spécifiques pour favoriser la biodiversité si la place le permet, comme par exemple, l’installation de murets en pierre sèche pour séparer différents espaces (favorable aux lézards), la création de mares (favorables aux amphibiens ou aux libellules) ou encore l’installation de nichoirs, d'hôtels à insectes, … Il existe de nombreuses possibilités pour ramener la vie dans ces espaces préservés du tumulte de l’activité humaine.

Hôtel à insectes au coeur du cimetière d’Ohain (Belgique) © Ville d’Ohain
Hôtel à insectes au coeur du cimetière d’Ohain (Belgique) © Ville d’Ohain
Nichoir devant une mare dans le cimetière de Tours-Sud © Ville de Tours
Nichoir devant une mare dans le cimetière de Tours-Sud © Ville de Tours
Zoom sur

L’étude cimetière ARB Ile de France 

L’évolution des modes de gestion des cimetières laisse une place de plus en plus grande à la végétalisation. Pour autant, toutes les pratiques de gestion (enherbement gazon, plantes couvre-sol, prairies…) n’ont pas les mêmes conséquences sur la biodiversité. Il en est de même de la composition (minéral ou paysagère) et de l’environnement (urbain, périurbain ou rural) de chaque cimetière.

Une étude lancée par l’ARB île de France au printemps 2020 s’attache à réaliser le suivi de la flore spontanée, des pollinisateurs sauvages (bourdons, papillons…), des micromammifères (hérissons, rongeurs…) et des chauves-souris sur un échantillon large de cimetières franciliens. Elle vise à améliorer la connaissance sur la biodiversité des cimetières et mieux comprendre leurs éventuelles contributions aux enjeux de continuité écologique dans les territoires. Cette étude s’appuie sur des protocoles de sciences participatives et durera 3 ans. Au total, 45 cimetières sont suivis en Ile-de-France, des plus urbains aux plus ruraux. 

Pour plus d’information : rendez vous directement sur la page de l'étude.

La communication, élément indispensable à la réussite du changement de gestion

Avant tout projet de végétalisation de son cimetière, que l’initiative soit politique ou technique, il est important que le duo élu·e/technicien·ne travaille de concert. En effet, l’élu·e doit pouvoir justifier auprès de ses administré·e·s (et parfois des autres élu·e·s) du changement à venir, tandis que le·la technicien·ne peut se retrouver en première ligne des critiques et voir son travail remis en cause. Ce duo doit donc être en accord sur la direction à prendre, les choix techniques pris ainsi que le discours à tenir.
 
Naturellement, le changement de mode de gestion du cimetière entraîne une évolution de l’aspect du cimetière. Il est donc nécessaire d’anticiper les remarques / critiques des personnes qui fréquentent ce lieu. Pour cela, une communication adaptée doit être mise en place dès la phase amont de réflexion pour impliquer / informer au plus tôt les personnes qui fréquentent le cimetière. Cette communication peut prendre plusieurs formes : panneaux à l’entrée du cimetière, article dans le bulletin municipal, dans la presse locale, réunion d’information, etc. L’essentiel est d’expliquer la démarche et de présenter le résultat attendu afin que chacun comprenne le changement de paysage à venir. Il est également important de présenter l’aspect qu’aura le cimetière en phase de transition, quelle que soit la solution technique utilisée : l’enherbement spontané peut donner une impression d’abandon, un ensemencement peut nécessiter une limitation de l’accès pour permettre l’implantation du gazon…
Une fois cette période de transition passée, la communication reste nécessaire sur le long terme car la fréquentation du cimetière peut-être très irrégulière et le paysage peut également varier en fonction des saisons : jaunissement du gazon l’été, présence de feuilles d’arbres à l’automne, croissance très rapide au printemps…

Exemple de communication sur l’évolution de la gestion des cimetières d'Épeigné-les-Bois (à droite) ©  ARB CVL
Exemple de communication sur l’évolution de la gestion des cimetières d'Épeigné-les-Bois (à droite) © ARB CVL
Panneau informatif mis en place à l'intérieur du cimetière, à Auzouer en touraine @ SEPANT
Panneau informatif mis en place à l'intérieur du cimetière, à Auzouer en touraine @ SEPANT
Exemple de communication sur l’évolution de la gestion des cimetières d'Épeigné-les-Bois (à droite) ©  ARB CVL
Exemple de communication sur l’évolution de la gestion des cimetières d'Épeigné-les-Bois (à droite) © ARB CVL

Être accompagné pour réussir son projet

Une collectivité seule se retrouve souvent en difficulté face à la complexité d’un tel projet : manque d’informations, de temps à y consacrer, de financement pour réaliser les aménagements… La multiplicité des enjeux et la sensibilité du lieu vis-à-vis de la population constitue un frein majeur qui exige de bien concevoir son projet avant de se lancer. De nombreux acteurs peuvent accompagner les collectivités : Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE), associations naturalistes (réseau FNE, URCPIE…), FREDON Centre-Val de Loire, paysagistes… Les collectivités ont donc tout intérêt à se rapprocher de ces acteurs pour échanger sur les modalités d’accompagnement (partenariat, convention, prestation…).
De même, il existe des financements pour aider les collectivités à réaliser leur projet notamment pour répondre aux enjeux d’arrêt des produits phytosanitaires de synthèse, de gestion de l’eau et de l’érosion, de la végétalisation… Il est également conseillé de se renseigner auprès des partenaires locaux pour identifier les financements possibles selon son projet.
 
N’hésitez pas à contacter l’ARB pour connaître les interlocuteurs de votre territoire.

Quel accompagnement de l’ARB ?

Dans le cadre de l’animation territoriale portée par l’ARB, l’agence organise des temps de sensibilisation des collectivités, élu·e·s et technicien·ne·s, aux enjeux de préservation de la biodiversité et d’adaptation au changement climatique liés à la gestion des cimetières.
Cela passe par exemple par l’organisation de webinaires comme ce fut le cas le 7 juillet 2020 (à retrouver ici), ou des journées techniques comme celle tenue à Chârost le 7 juillet 2021 à destination des collectivités reconnues « territoires engagés ».
Plus globalement, l’ARB accompagne toutes les collectivités volontaires pour faciliter la mise en place des actions de végétalisation des cimetières :

  • diffusion des ressources techniques disponibles et de retours d’expérience
  • mise en relation avec les acteurs locaux pouvant apporter un appui technique
  • aide à la recherche des financements mobilisables

 

 

Le cimetière de demain

Les cimetières suivent depuis toujours l’évolution de la société : évolution des rites funéraires, de la réglementation, des attentes environnementales... Ce dossier illustre les problématiques auxquelles font face l’ensemble des collectivités aujourd’hui mais donne également des pistes d’actions pour relever le défi du cimetière de demain : faire de ce lieu de mémoire un espace vivant et réconfortant que la population se réapproprie.