La végétalisation du cimetière est la solution pour combiner l’arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires dans les cimetières, l’évolution des rites funéraires et l’adaptation du territoire au changement climatique.
Au cours du temps, les cimetières ont vu leur place dans la vie des communes évoluer. D’abord au centre du village, au pied de l’église, ils se sont vus le plus souvent installés en périphérie des bourgs pour répondre aux problématiques de santé publique.
Aujourd’hui, une nouvelle évolution est en cours et remet en question la gestion qu’en ont les collectivités.
Les pratiques funéraires évoluent notamment avec le recours de plus en plus fréquent à la crémation. Cela donne lieu à l’aménagement de nouveaux espaces dans les cimetières : les jardins du souvenir ou les colombariums. Leurs apparitions sont souvent associées au développement d’une végétalisation plus propice au recueillement.
En parallèle, les citoyens sont de plus en plus exigeants quant à l’impact environnemental de leur fin de vie et de la gestion du cimetière.
Les cimetières ont d’abord été exclus de la Loi dite « loi Labbé » de 2014 qui interdit à partir du 1er janvier 2017 « aux personnes publiques d’utiliser ou de faire utiliser par leurs prestataires des produits phytosanitaires de synthèse pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public ». Mais l’arrêté du 20 janvier 2021 élargit cette interdiction aux cimetières à partir du 1er juillet 2022 imposant l’arrêt total de l’usage de ces produits par les collectivités.
Les gestionnaires des cimetières voient apparaitre de nouveaux enjeux en lien directement avec les impacts du changement climatique. Les pluies sont de plus en plus orageuses occasionnant des ruissellements plus importants. Ces derniers conduisent à l’érosion du sol provoquant de gros dégâts nécessitant des interventions importantes pour remonter les sols/graviers. De plus, les canicules de plus en plus fréquentes amplifient l’accumulation de la chaleur sur les espaces minéraux que sont les cimetières rendant ce lieu infréquentable pendant l’été.
Il convient donc de repenser la gestion du cimetière dans son ensemble pour répondre à ces nouveaux enjeux.
L’enquête réalisée par Plante & Cité auprès de 233 collectivités en 2016 a montré que le nombre d’heures dédiées à l’entretien du cimetière était compris entre 460 et 730 h/ha/an. Le désherbage arrive en tête dans le classement des heures dédiées à l’entretien (tout type d’ambiance de cimetière confondu) suivi par les missions de propreté/tonte ou de fauche.
(moyenne : somme de toutes les valeurs divisée par l’effectif total de la série - médiane : valeur qui partage une série en deux séries de même effectif, avec autant de valeurs inférieures à la médiane que de valeurs supérieures)
Réduire le temps consacré au désherbage et optimiser la gestion du cimetière en mobilisant les ressources humaines sur d’autres pratiques apparaît être un enjeu majeur. L’aménagement paysager avec la plantation de différents végétaux offre une solution efficace pour limiter les effets visuels et la prolifération d’un enherbement indésiré.
Ainsi, chaque espace peut être concerné :
L’enherbement des allées apparaît comme une alternative économiquement viable et écologiquement intéressante. La mise en place de gazon dit “renforcé” sur un sol composé d’un mélange terre-pierre permet de conserver la praticabilité des allées avec un enherbement résistant au piétinement. L’installation de gazon peut également réduire les dégâts liés à l’érosion lors de fortes pluies : l’herbe fixe le sol, ralentit l’eau et permet son infiltration. Elle peut même améliorer l’accessibilité des personnes à mobilité réduite par rapport à un sol engravillonné par exemple. Mais il est possible de combiner enherbement et pose de dallage pour créer des cheminements pour faciliter la circulation dans le cimetière.
Dans les inter-tombes, la gestion mécanique est le plus souvent compliquée (largeur trop faible pour la tondeuse, projection avec la débroussailleuse donnant un rendu “sale” sur les tombes). Il convient alors d’installer des végétaux couvre-sols pour limiter le développement spontané et à croissance lente pour réduire le besoin d’entretien. Il peut également être fait le choix de semer des fleurs pour un rendu plus coloré qui pourra évoluer selon les saisons. L’implantation de sedum* peut être une solution complémentaire car ce sont des végétaux qui ne nécessite aucun entretien, peu d’eau mais ne supporte pas le piétinement.
Il existe donc une large palette de plantes pouvant être implantées dans les cimetières. Chacune d'entre elles a des caractéristiques différentes à prendre en compte en fonction du lieu d’implantation et des résultats attendus. Pour ces espaces, la gestion par tonte peut être régulière pour un visuel “net” ou faite de manière plus espacée pour un rendu plus “naturel”. Certaines zones comme les concessions non utilisées, les délaissés, certains trottoirs peuvent aussi être plantés en prairies fleuries avec fauche tardive.
Dans certains cas, la remise en état d’espaces minéralisés reste la solution la plus efficace pour résoudre des problèmes de gestion spécifique : joints de caniveaux, accès pour les véhicules lourds (corbillards, mini-pelle, etc.) dans les allées principales…
Afin de réussir le changement de gestion et donc de paysage de son cimetière, il est indispensable d’associer les modifications de pratiques avec une communication adaptée. En effet, les familles des défunts doivent être averties des évolutions à venir et des raisons pour lesquels l’aspect du cimetière va changer. Le période de transition (apparition de la végétalisation) est une phase critique qu’il faut anticiper par un travail pédagogique avec l’ensemble des personnes qui viennent dans le cimetière (famille, entreprise de pompes funèbres, riverains).
De plus, chaque cimetière étant particulier (implantation des sépultures, type de sols, exposition, etc.), il est possible de se faire accompagner tant sur les aspects techniques (choix des essences végétales à implanter, itinéraires techniques, etc.) que sur la communication. De nombreux acteurs en région peuvent accompagner les collectivités dans leurs projets selon des modalités à convenir directement avec eux (partenariat, convention, prestation).
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter le dossier thématique dédié à la gestion écologique des cimetières.
cimetière de Fredeville à Saint-Jean de Braye © ARB CVL
En charge de l'accompagnement des acteurs
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
Acteur
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