Près d'un quart de la flore en Centre-Val de Loire est menacée de disparition. Les végétaux étant directement liés à la qualité de leurs habitats, et les insectes directement liés à celle des végétaux, la situation interpelle. Il est essentiel d'œuvrer à la préservation des milieux naturels pour conserver les espèces encore présentes, et assurer la pérennité des interactions des écosystèmes.
En Centre-Val de Loire, la Liste rouge régionale de la flore vasculaire (Liste rouge régionale, Nature Centre, Conservatoire botanique national du Bassin parisien, 2014) a permis d’identifier et de dénombrer 353 espèces menacées, soit près d'1/4 de la flore vasculaire régionale comprenant 1 546 espèces (hors mousses et lichens).
Le Conservatoire botanique national (CBN) du Bassin parisien a pour principales missions la connaissance de la flore vasculaire et aussi sa préservation. Il a donc rédigé dans ce cadre une stratégie de conservation de la flore menacée.
espèces menacées en région
Une première étape est d’identifier les espèces pour lesquelles les enjeux régionaux sont les plus forts au regard du contexte national. La liste qui en résulte a pour principale vocation de mettre en avant les espèces les plus menacées et d’orienter la stratégie régionale de la conservation.
La méthodologie employée, directement inspirée du travail mené par le Service du Patrimoine Naturel du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) (M. Barneix et G. Gigot, 2013), propose de valoriser davantage la Liste rouge régionale.
Sur le principe, la méthode proposée par le MNHN est simple. Elle consiste à déterminer deux indices : la vulnérabilité et la responsabilité, puis de les croiser ensemble pour obtenir un indice de priorité de conservation et donc une liste hiérarchisée.
Cette méthodologie tient donc compte à la fois du degré de menace mais aussi de la répartition de chaque espèce par rapport à une échelle géographique plus large.
L'adaptation régionale se fait à la suite de cette méthodologie. Elle permet d'affiner la liste d'espèces précédemment obtenue avec les particularités du territoire.
Cette méthode nationale a été adaptée régionalement afin de prendre en compte certaines particularités, comme les espèces n’ayant qu’une unique station.
Le Botryche lunaire (Botrychium lunaria) est un parfait exemple. Il s’agit d’une fougère régulièrement observée en montagne (Alpes et Pyrénées) et dans le Massif central. Cette espèce est beaucoup plus rare en plaine où de nombreuses stations ont disparues. Sur le territoire d’étude du CBN du Bassin parisien, le Botryche lunaire est encore connu aux alentours de Fontainebleau. Présumée disparue dans la Liste rouge régionale, cette espèce a été retrouvée en 2021 dans le Loiret où elle n’avait pas été observée depuis près de 150 ans. Il s’agit de l’unique station du Centre-Val de Loire.
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En adoptant cette méthode et considérant quelques cas particuliers comme le Botryche lunaire par exemple, ce travail de hiérarchisation aboutit à une liste de 163 espèces menacées prioritaires pour les actions de conservation.
Cette dernière sert de base de réflexion pour la rédaction de plans de conservation et de travaux spécifiques pour la préservation de ces espèces (recherches sur le terrain, évaluation de l’état de conservation des populations, suivi de l’espèce, mise en place de mesures de conservation).
Les espèces sont hiérarchisées en cinq classes de priorité de conservation : majeure / très élevée / élevée / modérée / faible. Seules celles appartenant aux deux premières catégories sont dites à fort enjeu de conservation, soit 60 espèces.
Au cours des prochaines années, le CBN du Bassin parisien avec l’ensemble des partenaires œuvrant pour la conservation de la biodiversité, engageront des actions de connaissance de ces espèces les plus menacées en Centre-Val de Loire avec comme objectif de les préserver sur le long terme.
espèces menacées prioritaires
espèces à fort enjeu de conservation
Tous les départements de la région présentent des spécificités et le nombre d’espèces de la liste hiérarchisée est différent selon chacun.
Tous ont en commun d’avoir des espèces propres à leur territoire. Ainsi, la responsabilité de la région pour la conservation des espèces menacées est aussi dans certains cas une responsabilité avant tout départementale.
La conservation des espèces végétales, et notamment des plus menacées d’entre-elles, peut se faire à l’aide de deux démarches : les conservations in-situ et ex-situ.
C’est le mode de conservation à privilégier sur le long terme.
Ce type de conservation peut être décliné en plusieurs modes et pratiques comme :
Des mesures plus spécifiques et ciblées sur une espèce peuvent être entreprises comme le déplacement, la transplantation, le renforcement ou encore la réintroduction de populations dans les cas les plus critiques.
Ce type de conservation est souvent employé en amont d’autres mesures de terrain ou en parallèle de la conservation in-situ. La conservation ex-situ est également le moyen ultime pour sauvegarder une espèce au bord de l’extinction. Les méthodes les plus employées de la conservation ex-situ sont :
En Centre-Val de Loire, les acteurs participants à la conservation de la flore menacée sont nombreux : associations départementales de protection de la nature et de l’environnement, Conservatoire d’Espaces Naturels (Cen), Parcs Naturels Régionaux (PNR), animateurs Natura 2000, Réserve Naturelle Nationale (RNN), Conseils départementaux avec les Espaces naturels sensibles (ENS), Conseil Régional avec les Réserves naturels régionales (RNR), bureaux d’études, etc.
Pour la plupart, les différentes alternatives de la conservation in-situ constituent les principaux moyens d’intervention. Dans le cadre de la séquence Éviter-Réduire-Compenser (ERC), la transplantation est une méthode souvent proposée par les bureaux d’études si l’évitement des impacts du projet n’est pas envisageable. Les récoltes de graines, la collection culturale et la multiplication sont plutôt des pratiques que les Conservatoires botaniques nationaux mettent en œuvre dans leurs missions de conservation, menées dans le cadre de leur agrément avec le Ministère en charge de l’écologie.
L’Isoète très ténu (Isoetes tenuissima) présente un enjeu de conservation majeur en Centre-Val de Loire. Endémique et protégée en France métropolitaine, cette espèce est essentiellement localisée en Sologne (où elle était autrefois citée et aujourd’hui très rare), en Brenne (cœur historique et moderne de répartition) et localisée en périphérie de cette même région naturelle (dans le Montmorillonnais dans la Vienne et dans le nord de la Creuse).
En 2024, le CBN du Bassin parisien a rédigé un Plan national d’actions en faveur de cette espèce rarissime dont la mise en œuvre est prévue sur une période de 10 ans à partir de 2025. Piloté par la DREAL Centre-Val de Loire et mis en œuvre par le CBN du Bassin parisien et l’IEA (Institut d’Écologie Appliquée), les actions qui y sont proposées visent à mieux connaître et surtout à conserver cette espèce patrimoniale sur le long terme.
Élatine fausse alsine (Elatine alsinastrum) - priorité de conservation élevée © Julien Mondion
Chargé d'études flore et habitats / Animateur du pôle Flore et Habitat de l'Observatoire
Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP)
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