Après avoir été présent sur les rivières de l’ensemble du territoire Français pendant des milliers d’années, le Castor d’Europe avait quasi-disparu au début du 20ème siècle. Le Castor d’Europe (Castor fiber) a été réintroduit sur la Loire il y a presque un demi-siècle. La réintroduction des castors en Val de Loire (la 7ème en France) fut immédiatement une réussite. Partez sur les traces, de cet animal mythique des bords de Loire. Un portrait proposé par la Fédération des Maisons de Loire.
Après avoir été présent sur les rivières de l’ensemble du territoire Français pendant des milliers d’années, le Castor d’Europe avait quasi-disparu au début du 20ème siècle, à l’exception de la basse vallée du Rhône et de la Camargue, à cause de la chasse qui procurait fourrure, viande et castoréum* .
Premier animal sauvage à être protégé en France (1909). Jusqu’au XIIe siècle, on le trouve dans toute l’Europe. Le castor a longtemps été considéré comme nuisible, car il était accusé de percer les digues, de ronger les arbres et d’inonder les cultures. Avant l’arrêté de protection, on donnait des primes à chaque queue rapportée (15F). Dès la fin du XIXe siècle, en France, des voix s’élèvent pour demander sa protection, tel que Louis Magaud d’Aubusson en 1895, (qui va créer plus tard la LPO). La première réintroduction en France a lieu en 1957, et la protection totale est décrétée en 1968.
Le Castor d’Europe (Castor fiber) a été réintroduit sur la Loire il y a presque un demi-siècle, par l’association Loir-et-Cher Nature, à l’époque la Société d’Etude et de Protection de la Nature en Loir-et-Cher. Cette opération, réalisée avec l’autorisation du ministère de l’environnement, s’est déroulée en deux temps : un premier lâcher en avril 1974, puis un autre lâcher complémentaire en 1976. Au total, 13 individus en provenance de la basse vallée du Rhône ont été réintroduits près de Blois, sur les bords de la Loire. L’équipe de naturalistes de l’association était dirigée par Jean-Pierre JOLIVET, médecin généraliste à la retraite et aujourd’hui président de l’association Loir et Cher Nature accompagné de Jacques HESSE, amoureux des livres et Diplômé de Sup de Co Paris plus DEA d’écologie appliquée.
La réintroduction des castors en Val de Loire (la 7ème en France) fut immédiatement une réussite, puisqu’on notait des coupes dans le Loiret à l’hiver 1981, notamment à Tavers et Beaugency. En juillet 1984, un territoire de castors était découvert à Briare. En 2010, l’ONCFS recense le Castor d’Europe sur 2500 km de rivières de 17 départements (bassin Loire-Allier).
Après avoir recolonisé le fleuve, il continue sa remarquable progression. Le Bièvre, (ancien nom du castor : bièvre ou bièvres qui vient du gaulois ‘bebros’ qui veut dire « castor ») occupe la plupart des affluents de la Loire. Progressivement, il a repris ses anciens territoires avec des apparitions et disparitions quelquefois inexpliquées : Beuvron, Bièvre, Cher, Cosson, Cisse, Cosson, Loir et également l’Indre, la Creuse, la Vienne…
Au début des années 2000, le Centre Val de Loire comptait déjà plus d’une centaine de territoires occupés produisant chaque année de nombreux jeunes, qui deux ou trois ans plus tard, s’installeront sur de nouveaux territoires et se reproduiront à lors tour.
Le Castor est le mammifère protégé qui a été le plus réintroduit en France, entre les années 50 et 1989 : 13 opérations, dans 14 départements et 18 sites. 182 individus ont été lâchés, tous originaires de la vallée du Rhône.
C’est ainsi que d’à peine cent spécimens on est passé à plus de quinze-mille castors en une centaine d’années dans notre pays. Pourtant, le Castor d’Europe est classé dans la catégorie "vulnérable" sur la liste rouge régionale (méthodologie UICN). Son habitat est également protégé, par arrêté du 23 avril 2007 du Code de l’Environnement, sur l’ensemble du territoire de la France. Car même si la population de Castors sur la Loire semble aujourd’hui bien établie, elle reste néanmoins encore fragile.
Dégradations de son habitat (coupes de secteurs boisés dans le cadre de l’entretien du fleuve pour la lutte contre les inondations). Les saules et les peupliers de la ripisylve sont primordiales pour l’établissement pérenne de populations de castors. Les destructions directes sont peu nombreuses et sont souvent le fait de méprise avec son cousin le ragondin qui lui est classé espèce exotique envahissante. On note également le mécontentement de certains propriétaires qui trouvent les arbres de leur propriété en bord de rivières coupés par les castors, créant un climat de tension envers l’animal, non désiré, car contrairement aux croyances, le castor ne mange pas de poisson mais des écorces en hiver. En été, son régime alimentaire se diversifie avec des plantes et des feuilles.
Il est vrai que si vous pouvez observer des traces et des indices de la présence des castors en bord de Loire, vous ne verrez sauf exception, sur des bras de Loire ou des petits cours d’eau, pas d’emblématique ‘barrage de castor’. En effet, l’espèce de souche rhodanienne est non bâtisseuse, contrairement à son cousin d’Amérique le Castor canadensis (castor Nord-Américain) qui construit des barrages pour agrandir son territoire aquatique, conserver l’entrée du gîte sous l’eau, ou pallier à un assec estival.
En créant et en maintenant des habitats humides, les castors permettent le développement d’un grand nombre d’espèces végétales et animales (libellules, poissons, amphibiens, ou d’autres mammifères aquatiques tels que la loutre). Les écologues considèrent le castor comme une espèce « clé de voûte » (« keystone species » en anglais), c’est-à-dire une espèce qui a un fort impact sur son environnement comparativement à ses effectifs ou à sa biomasse.
*(sécrétion de glandes sébacées situées près de l’anus de l’animal). Servant en parfumerie jusqu’au 19ème siècle, aujourd’hui interdit d’utilisation, le castoréum fait partie des notes animales naturelles utilisées en parfumerie, parmi lesquelles figurent également : La civette, Le musc animal, L’ambre gris, L'hyraceum. Cette substance était également très prisée, dès l’antiquité pour ses vertus médicinales. Les vertus du castoréum pour combattre les maux de tête sont bien réelles, puisqu'il contient de l'acide salicylique (principal composant de l'aspirine).
SOURCES : Loir-et-Cher Nature, Histoire du castor et de sa protection de Rémi Luglia, France Nature environnement, Maison de la Loire du Loir-et-Cher, Fédération des Maisons de Loire.
Castor d'Europe (castor fiber) © Fédération des Maisons de Loire